
L’accord sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, signé à Bougival, est qualifié d’« historique » par le gouvernement français et ses signataires. Cependant, ce texte est loin de faire l’unanimité au sein de l’archipel. Il propose la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie » au sein de la République française, l’instauration d’une « nationalité calédonienne » et une répartition différenciée des compétences. Des points qui suscitent des ambiguïtés et des divisions locales.
Du côté du patronat, Mimsy Daly, présidente du Medef calédonien, se montre prudente. Elle voit dans cet accord un « espoir de paix et de stabilité », essentiel pour la relance économique, mais estime que le volet économique reste « un peu léger ». Elle exprime des attentes quant au soutien financier de l’État pour cette relance, après les violentes manifestations de mai 2024 qui ont causé 14 décès et gravement impacté l’économie locale.
Le mouvement citoyen « Construire autrement », par la voix de Joël Kasarhérou, critique l’accord qu’il juge « mort-né », dénonçant un manque d’ambition et de vision. Il remet en question la légitimité des signataires et regrette que la jeunesse, au cœur des troubles de mai 2024, soit « oubliée ». La reconduction des ambiguïtés de l’accord de Nouméa, notamment sur le corps électoral, fait craindre un « nouveau 13 mai » si les frustrations persistent.
La fracture est également marquée dans les sphères politiques. Philippe Blaise, premier vice-président de la province Sud, s’est désolidarisé des signataires loyalistes, critiquant la reconnaissance d’un « État calédonien » et d’une « nationalité distincte », incompatibles, selon lui, avec l’unité de la République. Du côté indépendantiste, plusieurs voix s’élèvent contre un accord signé sans mandat de la base, comme Brenda Wanabo-Ipeze de la CCAT. Mélanie Atapo, présidente de l’USTKE, se dit « surprise », soulignant que les discussions devaient se poursuivre avec la base avant toute signature. Un responsable du FLNKS évoque même une « trahison » suite aux concessions sur l’ouverture du corps électoral, sans validation des militants. L’accord sera soumis à un référendum en Nouvelle-Calédonie en février 2026.