
L’agence de notation Fitch a récemment abaissé la note de crédit de la France de AA- à A+, une décision qui, étonnamment, n’a pas provoqué de secousses majeures sur les marchés boursiers. En effet, la séance suivant cette annonce a vu le CAC 40 progresser de 0,92%. Cette relative indifférence s’explique par le fait que les investisseurs avaient déjà largement anticipé cette dégradation, conscients de la situation financière fragile de l’Hexagone.
La dette publique française dépasse les 110% du PIB, et les déficits budgétaires sont prévus à plus de 5% jusqu’en 2027 au moins. Fitch projette même une augmentation de la dette à 121% du PIB d’ici 2027, sans signe de stabilisation claire à l’horizon. Cette situation affaiblit la capacité du pays à réagir aux chocs économiques futurs.
L’instabilité politique, marquée par la chute du gouvernement Bayrou et l’incertitude autour du budget 2026, contribue à la méfiance des agences de notation. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, doit désormais présenter un budget acceptable dans un Parlement fragmenté, rendant les réformes fiscales difficiles à mettre en œuvre.
Plutôt que sur la Bourse, les répercussions les plus significatives se font sentir sur les financements obligataires des entreprises et de l’État. Le coût de l’emprunt pour la France augmente, comme en témoigne l’élargissement de l’écart de taux à 10 ans entre la France et l’Allemagne. Cet écart se situe désormais au niveau de celui de l’Italie, une situation inédite. Les investisseurs exigent un rendement plus élevé pour détenir de la dette française, soulignant une perception accrue du risque. Cette dégradation pourrait également affecter la notation d’agences françaises et d’autres entités publiques, renchérissant ainsi leurs coûts d’emprunt.