
Le concept de « name and shame », ou « nommer pour faire honte », est une pratique anglo-saxonne que l’État français utilise désormais pour dénoncer publiquement des comportements d’entreprises jugés répréhensibles. Cette méthode, visant à inciter les acteurs économiques à une plus grande conformité réglementaire et éthique, ne manque pas de faire réagir les concernés.
En août dernier, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, n’a pas hésité à employer cette tactique en interpellant directement trois géants de l’agroalimentaire : Unilever, Nestlé et PepsiCo. Il leur a reproché un manque d’engagement dans la lutte contre l’inflation, déclarant sur France 2 qu’ils « n’avaient pas fait beaucoup » et qu’on leur « demandait de faire beaucoup plus ». Cette dénonciation publique a profondément affecté la réputation de ces multinationales, qui ont visiblement très mal vécu cette exposition médiatique négative.
L’objectif de cette stratégie est de provoquer une réaction rapide et de pousser les entreprises à corriger les comportements dénoncés. Qu’il s’agisse de délais de paiement excessivement longs, de pratiques trompeuses ou d’inégalités entre les sexes, le « name and shame » est perçu par le gouvernement comme un levier puissant pour moraliser le monde des affaires et assurer une meilleure conformité aux règles établies. La pression exercée par l’opinion publique et les conséquences sur l’image de marque sont des éléments clés de l’efficacité de cette approche.
Cette méthode soulève néanmoins des questions sur ses limites et ses potentielles conséquences, notamment en termes de dommages réputationnels irréversibles pour les entreprises visées. Toutefois, l’État semble déterminé à l’employer comme un outil efficace pour faire respecter l’ordre économique et social.