
Le Conseil constitutionnel doit rendre son verdict ce jeudi sur le projet de loi visant à réformer le mode de scrutin aux élections municipales à Paris, Lyon et Marseille. Ce texte, déjà adopté par le Parlement, entend appliquer à ces trois grandes villes le même système électoral que dans les autres communes françaises pour les municipales de 2026.
Depuis 1982, les habitants de Paris, Lyon et Marseille sont répartis par secteurs, correspondant à leurs arrondissements, pour élire leurs conseillers municipaux. Un tiers de ces élus siège ensuite au conseil municipal de la commune, chargé de désigner le maire. Ce système renforce le poids de chaque arrondissement, et il peut arriver qu’un maire prenne ses fonctions sans majorité absolue, comme Anne Hidalgo en 2014 à Paris.
La réforme proposée prévoit un dédoublement des scrutins: un vote pour les conseillers de secteurs et un autre pour les conseillers du conseil municipal, qui constituent une seule circonscription. Ainsi, les maires d’arrondissement ne feront pas nécessairement partie du conseil municipal. À Lyon, une troisième élection est prévue pour les conseillers de la Métropole.
La loi modifie également la prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête, la faisant passer de 50 à 25%, au bénéfice d’une meilleure représentation de l’opposition. Le nombre de sièges sera conditionné à la population de la commune : 73 pour Lyon, 101 pour Marseille et 163 pour Paris.
Le parcours parlementaire de cette réforme, portée par le député macroniste de Paris Sylvain Maillard, a été semé d’embûches. Soutenu par la majorité présidentielle, le Rassemblement national et La France insoumise à l’Assemblée, le texte a été bloqué à plusieurs reprises par le Sénat, majoritairement LR. La persévérance de l’Assemblée nationale a finalement mené à son adoption définitive le 10 juillet 2025.
Ce projet divise au sein de l’alliance gouvernementale et a suscité des critiques de la droite sénatoriale, qui y voit un « tripatouillage électoral » affaiblissant les mairies de secteur. La gauche, notamment derrière Anne Hidalgo, dénonce un stratagème pour favoriser l’élection de Rachida Dati à Paris. Des simulations publiées dans Le Figaro suggèrent que la gauche aurait conservé les mairies de Paris, Lyon et Marseille en 2020 avec ce nouveau système, augmentant même sa majorité dans les deux premières villes. Cependant, une alliance droite-centre aurait pu changer la donne à Paris.