Alia Al-Hallaq, mère de Mohammed, peine à retenir ses larmes en évoquant les aspirations de son fils de 9 ans et demi. Le jeune Mohammed rêvait de devenir chirurgien cardiaque, imaginant déjà l’appel « le docteur Mohammed est demandé aux urgences » résonner dans les couloirs d’un hôpital. Cette aspiration, partagée par Alia fin octobre à Al-Rihiya, un village isolé au sud de Hébron en Cisjordanie occupée, est désormais un rêve brisé. Mohammed a été tué d’une balle tirée par un soldat israélien le 16 octobre.
Le jour de sa mort, Mohammed, troisième enfant de la famille Al-Hallaq, était rempli de joie par son nouveau sac à dos bleu, un cadeau de l’Unicef. Comme à son habitude, l’enfant au regard calme avait enfilé son uniforme scolaire avant de réveiller sa mère. En rentrant chez lui vers midi, il s’était attardé près d’un nid d’oiseau, fasciné par les souimangas de Palestine, des passereaux communs des collines arides.
Après un repas rapide, le jeune fan de football est parti jouer avec ses camarades sur la seule aire de jeux du village, à quelques dizaines de mètres de sa maison. L’arrivée à vive allure de jeeps militaires a semé la panique parmi la dizaine d’enfants qui se sont dispersés. Mohammed a couru vers la maison de ses grands-parents, située en hauteur. À seulement 10 mètres de la porte, il s’est retourné, les bras croisés, pour observer le convoi surarmé en contrebas. Un tir a traversé son corps d’une hanche à l’autre, ne lui laissant aucune chance. Selon plusieurs témoins, le soldat aurait ensuite levé son arme en l’air, en signe de célébration. L’armée, sollicitée, n’a pas commenté cet aspect.
