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Une cinquantaine de médecins étrangers du Grand Hôpital de l’Est Francilien doivent rembourser des primes jugées illégales, totalisant jusqu'à 100 000 euros par praticien. Cette situation, qui fait suite à un changement de direction et une demande du Trésor Public, plonge ces professionnels dans une détresse financière et soulève des questions sur le statut des praticiens diplômés hors UE.

Une cinquantaine de médecins étrangers du Grand Hôpital de l’Est Francilien (GHEF) en Seine-et-Marne sont sommés de rembourser des primes perçues, pouvant atteindre jusqu’à 100 000 euros par praticien. Ces médecins, pour la plupart originaires d’Algérie et du Maroc, se retrouvent confrontés à une situation financière dramatique.

Le GHEF, issu de la fusion des hôpitaux de Meaux, Coulommiers et Marne-la-Vallée, avait mis en place ces primes pour attirer les praticiens diplômés hors de l’Union Européenne (Padhue), afin de pallier de graves problèmes de recrutement. Ces indemnités, non réglementaires, permettaient de doubler leur salaire initial, estimé en moyenne à 1 900 euros par mois, une rémunération jugée faible en raison de l’invalidité de leur diplôme médical en France.

Fin 2024, suite à un changement de direction au sein du GHEF, l’irrégularité de ces primes a été constatée. La nouvelle équipe a alors décidé d’y mettre un terme, en application de la loi, ce qui a entraîné la suppression progressive de cette rémunération complémentaire pour la cinquantaine de Padhue concernés, qui la percevaient depuis 2020.

Cependant, l’affaire a pris une tournure encore plus critique le 31 mars 2025, lorsque les praticiens ont été informés qu’ils devaient également rembourser les sommes perçues au cours des 24 derniers mois, à la demande du Trésor Public. Le GHEF cherche ainsi à récupérer 2,7 millions d’euros. Cette décision, jugée « inacceptable » et « injustice criante » par les syndicats et les avocats, fait porter la faute de l’ancienne direction sur les salariés, plongeant certains médecins dans une profonde détresse morale.

Face à cette situation, de nombreux praticiens ont déposé des recours devant le tribunal administratif. La CGT et le syndicat SOS Padhue ont également interpellé le ministère de la Santé. Cette crise met en lumière la précarité des Padhue, essentiels au fonctionnement de nombreux services hospitaliers en France, notamment dans les déserts médicaux.