
La rentrée scolaire et sociale à Mayotte est marquée par une profonde exaspération des habitants. Après les parents d’élèves, ce sont les étudiants, les surveillants pénitentiaires et les sages-femmes qui expriment leur mécontentement, révélant les fragilités structurelles du département. Cette situation est exacerbée par des infrastructures insuffisantes et un manque criant de personnel dans plusieurs secteurs clés.
À l’université de Mamoudzou, la rentrée est chaotique. Deux semaines après le début des cours, de nombreux étudiants restent sans affectation. Des salles sont fermées, la bibliothèque est inaccessible et les inscriptions sont retardées, faute de guichets fonctionnels. La mobilisation des étudiants à Mamoudzou fait écho à celle des parents d’élèves qui avaient bloqué des écoles pour dénoncer des conditions d’apprentissage indignes. Le passage du cyclone Chido a également aggravé la situation, les travaux de remise en état n’étant toujours pas achevés.
Le secteur de la santé est également en crise. La maternité du centre hospitalier de Mamoudzou, la plus grande de France, fonctionne au ralenti en raison d’un manque crucial de personnel. Les sages-femmes, qui ont exercé leur droit de retrait, dénoncent des conditions de travail « insoutenables », avec seulement 36 professionnelles pour 75 postes nécessaires. Les patientes sont souvent installées dans les couloirs et les accouchements se font sur des brancards. La pénurie de personnel est un cercle vicieux, les départs s’accélérant face à la surcharge de travail et la faible attractivité du territoire.
Les surveillants pénitentiaires de la maison d’arrêt de Majicavo sont aussi à bout. Après de violentes agressions subies par cinq agents, un arrêt de travail massif a été observé. Le sous-effectif est alarmant : environ 80 agents encadrent plus de 600 détenus, alors que 123 postes sont nécessaires. La surpopulation carcérale est telle que les cellules accueillent jusqu’à six prisonniers. Les mesures annoncées par la direction, à savoir quatre surveillants supplémentaires d’ici fin 2025 et six en 2026, sont jugées « dérisoires » par les syndicats. Ces crises successives mettent en lumière l’urgence d’investissements durables à Mayotte, le département le plus pauvre de France.