
La Fashion Week parisienne printemps-été 2026 a été riche en temps forts, notamment avec les débuts très attendus de Matthieu Blazy en tant que directeur artistique chez Chanel. Son premier défilé, dévoilé le 6 octobre au Grand Palais, a été scruté avec attention, non seulement parce que Chanel représente 17,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, mais aussi en raison de la longue stabilité de sa direction artistique.
Depuis Karl Lagerfeld en 1983, la maison a répété les codes emblématiques (tweed, noir et blanc, camélia) sans jamais changer le fond. Virginie Viard avait poursuivi cette tradition. Cependant, une légère lassitude commençait à se faire sentir sur certains looks, et les clientes attendaient avec impatience la proposition de Matthieu Blazy, considéré comme le « job du siècle » dans l’industrie de la mode.
À 41 ans, le Franco-Belge, précédemment chez Bottega Veneta, s’est distingué par sa maîtrise des matières et son approche personnelle de l’artisanat. Pour ce défilé inaugural, Blazy a transformé le Grand Palais en un système solaire onirique, avec une douzaine de planètes lumineuses, créant l’illusion d’une voie lactée. « Je voulais un décor universel, mais qui fasse rêver. On vit dans un monde compliqué et je me dis que mon rôle, c’est de rassembler. Tout le monde regarde le même ciel », explique Matthieu Blazy.
Dès les premières silhouettes, un langage commun entre le designer et Chanel s’est imposé. Des vestes d’homme aux bords francs ont remplacé les traditionnelles petites vestes en tweed. Une chemise blanche masculine contrastait avec une jupe en coton à traîne noire, tandis que des épis de blé dorés ornaient une robe noire. Cette approche a mis en lumière la beauté de l’héritage de Gabrielle Chanel, au-delà des codes habituels.
Blazy a intégré des expérimentations textiles propres à son travail. La trame du tweed a été réinterprétée pour des gilets en maille souple, et des tailleurs présentaient des fils de laine agrandis, transformant leur allure. « La femme Chanel est partout dans le monde, elle est universelle », affirme le designer. Sa dernière silhouette, « un bouquet de fleurs flamand », symbolisait la générosité de sa vision. Ce succès tient à la fois au patrimoine de Chanel, au talent de Blazy, et à une transition en douceur qui lui a permis de comprendre le fonctionnement de la maison grâce à des pré-collections.