
Né sur Discord, le mouvement GenZ 212 entend redonner un souffle à la contestation au Maroc. Des milliers de jeunes Marocains sont appelés ce samedi à descendre dans la rue pour réclamer des réformes urgentes dans la santé, l’éducation et l’emploi. Après un mois de mobilisation, ce collectif, issu des réseaux sociaux, espère ainsi raviver une dynamique qui menaçait de s’essouffler.
Dans un communiqué diffusé sur ses comptes officiels et son serveur Discord, GenZ 212 invite « toute la jeunesse marocaine ainsi que l’ensemble des citoyennes et citoyens » à se rassembler « massivement », insistant sur le caractère non violent et pacifique des manifestations. Ces sit-in, prévus dans plusieurs grandes villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech, Agadir, Tanger ou Fès, représentent un test crucial pour le mouvement. La participation avait connu un pic début octobre avant de faiblir, notamment après le discours du roi Mohammed VI appelant à accélérer les réformes sociales.
Pour la politologue Khaddouja Mohsen-Finan, spécialiste du Maghreb, cette contestation se distingue des « printemps arabes » de 2011. Elle s’apparente davantage à ce que l’on observe en Tunisie, avec des revendications allant au-delà de simples demandes sociales, portées par les inégalités régionales et sociales. Le mouvement se caractérise par son organisation horizontale, sans chef ni porte-parole officiel, ce qui le rend résilient : « Chacun de nous pourrait disparaître demain, le mouvement continuerait », affirme un membre actif.
Né fin septembre suite au drame de l’hôpital Hassan II d’Agadir, où des femmes sont décédées en couches, le collectif a rapidement cristallisé le mécontentement autour des défaillances de la santé, de l’éducation, de la corruption et de la précarité. Khaddouja Mohsen-Finan évoque une « demande de renouvellement du contrat social » et une remise en question du modèle économique libéral marocain, perçu comme un « capitalisme de connivence » ayant créé un pays à deux vitesses. Refusant tout dialogue avec le gouvernement actuel, le mouvement réclame la démission et la reddition des comptes.
Malgré les interpellations lors des précédents rassemblements, le mouvement porte ses fruits. En réponse aux mobilisations, le palais royal a annoncé une augmentation de 16 % du budget pour la santé et l’éducation pour 2026, soit 140 milliards de dirhams, et la création de plus de 27 000 postes. Les sit-in de ce samedi diront si la mobilisation s’éteint ou se transforme, mais pour les observateurs, « même si le mouvement disparaît, il aura laissé une trace », rappelant qu’une génération connectée et éduquée refuse de se résigner au silence.








