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Le Mali est au bord du chaos alors que Bamako subit un blocus djihadiste mené par le JNIM. La pénurie de carburant menace la capitale, tandis que la junte d'Assimi Goïta, alliée à l'Africa Corps, peine à contenir l'avancée des islamistes. Ces derniers imposent la charia et oppriment les femmes, faisant craindre une dérive autoritaire et un embrasement régional.

La capitale malienne, Bamako, fait face à une menace djihadiste grandissante, ravivant le spectre d’un scénario que l’intervention française de 2013 avait cherché à éviter. Le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaida, intensifie son emprise sur le pays et cherche à asphyxier Bamako. Depuis septembre, des attaques ciblent les camions-citernes de carburant en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, essentiels à l’approvisionnement du Mali. Cette pénurie imminente de carburant menace non seulement les 3 millions d’habitants de la capitale, mais également l’alimentation électrique, plongeant le pays dans une crise humanitaire et économique.

Face à cette situation critique, la junte du colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis août 2020, semble dépassée. Après avoir limogé de hauts responsables militaires pour « insuffisance de résultats », Goïta voit sa popularité décliner. Les promesses de rétablissement de la sécurité et de la souveraineté ont cédé la place à une dérive dictatoriale, marquée par la suppression des élections, la dissolution des partis politiques et l’emprisonnement des opposants. Son alliance avec les mercenaires russes de Wagner, désormais remplacés par l’Africa Corps, n’a pas permis de contenir les djihadistes.

L’armée malienne, épaulée par les forces russes, s’est rendue coupable de massacres de civils tout en échouant à freiner l’expansion des groupes islamistes. Tandis que l’État islamique au Sahel contrôle le nord-est, le JNIM étend son joug sur une grande partie du reste du territoire. Preuve de leur audace, les islamistes maliens du JNIM exigent depuis le 17 octobre que les femmes portent le voile et soient séparées des hommes dans les transports publics, une régression terrible dans un pays traditionnellement islamique tolérant et où les femmes jouent un rôle civique et politique important. Des femmes ayant résisté à cette injonction auraient été fouettées dans le sud-est du pays, marquant une escalade de la violence et de l’oppression.

Plus de douze ans après le début de l’intervention française, qui s’est achevée en 2022 par le retrait de la France, un sentiment de gâchis prédomine. Si les erreurs stratégiques de Paris peuvent expliquer en partie l’échec de la lutte contre les djihadistes et son éviction, la responsabilité des militaires maliens est désormais entière. Leur mépris pour la démocratie et une population livrée à la misère et à la violence a créé un terrain fertile pour les groupes extrémistes. Assimi Goïta et ses lieutenants, plus préoccupés par le maintien de leur pouvoir que par la sécurité et le bien-être de leur peuple, risquent de transformer le Mali en un « Afghanistan africain », avec des conséquences incalculables pour la stabilité de toute la région sahélienne et pour ses 25 millions d’habitants, en particulier les femmes.