
Un contingent militaire malgache, basé près de la capitale Antananarivo, a lancé un appel à la désobéissance le samedi 11 octobre, exhortant les soldats et forces de sécurité à « unir leurs forces » et à « refuser les ordres de tirer » sur les manifestants. Ce groupe militaire, issu du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat), a également enjoint les policiers et gendarmes à les rejoindre, et a demandé aux militaires gardant les palais présidentiels de quitter leurs positions pour bloquer l’aéroport international d’Ivato.
Cette initiative intervient alors que plusieurs milliers de personnes manifestent à Antananarivo, la plus importante mobilisation depuis plusieurs jours. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser les manifestants, qui se mobilisent à travers le pays depuis le 25 septembre.
Dans une vidéo, des soldats de la base de Soanierana, en périphérie d’Antananarivo, ont déclaré : « Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs. » Il est à noter que cette même base a joué un rôle clé dans la mutinerie de 2009, qui a porté l’actuel président, Andry Rajoelina, au pouvoir.
Les militaires du Capsat ont également appelé leurs pairs aux palais présidentiels d’Iavoloha et d’Ambohitsorohitra à regagner leurs camps d’origine, et ceux d’Ivato à « empêcher tous les aéronefs sans distinctions de décoller ». Ils ont insisté : « N’obéissez plus aux ordres venant de vos supérieurs. Braquez vos armes [sur] ceux qui vous ordonnent de tirer sur vos frères d’armes. »
En réponse à cette montée des tensions, le nouveau ministre des armées, le général Deramasinjaka Manantsoa Rakotoarivelo, a appelé au calme lors d’une conférence de presse, privilégiant le dialogue et réaffirmant le rôle de l’armée comme médiateur et « dernière ligne de défense de la nation ».
Cette crise survient dans un contexte de manifestations populaires généralisées contre les coupures d’eau et d’électricité, qui se sont transformées en une contestation plus large du pouvoir du président Andry Rajoelina, réélu en décembre 2023. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a d’ailleurs exhorté les autorités malgaches à « cesser le recours à une force inutile », suite à des informations faisant état d’au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés depuis le début des manifestations.