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Emmanuel Macron, passionné de renseignement, a transformé le rôle des services secrets français, les plaçant au cœur de sa politique étrangère. Malgré une implication forte et des moyens accrus, cette stratégie a connu des revers notables, révélant une relation complexe entre le président et ses espions, selon l'ouvrage « Les espions du président ».

Emmanuel Macron, passionné par le renseignement et grand admirateur de la série « Le Bureau des légendes », a piloté de près l’action des services français dès son arrivée à l’Élysée. Cette implication forte tranche avec la méfiance de certains de ses prédécesseurs, comme François Mitterrand ou Jacques Chirac, marqués par des affaires retentissantes.

Surnommé « le président qui aimait les espions » par les journalistes Antoine Izambard et Pierre Gastineau, Emmanuel Macron a rapidement renforcé les structures dédiées au renseignement. La Coordination nationale du renseignement, par exemple, a vu ses effectifs multipliés et ses locaux déplacés dans le vaste hôtel de Marigny. Cette dynamique visait à rendre les services plus opérationnels et à les utiliser comme un outil clé de la politique étrangère française.

Malgré cet activisme et une augmentation significative des budgets et des effectifs des services de renseignement entre 2017 et 2023, la stratégie présidentielle s’est heurtée à plusieurs revers. Des missions délicates, notamment en Ukraine, au Sahel, à Damas ou encore à Pékin, ont révélé les limites d’une approche parfois jugée trop présomptueuse.

Le livre-enquête « Les espions du président » met en lumière l’hyper-implication d’Emmanuel Macron, qui lit et arbitre personnellement les dossiers. Cependant, cette volonté politique se confronte souvent aux réalités juridiques, européennes et économiques, entraînant des tensions. La gestion des sanctions contre les élites russes ou les échecs diplomatiques en Afrique illustrent ces difficultés, où les alertes des « africanistes » de la DGSE ont parfois été sous-estimées.

Le rôle de Paul Soler, ancien capitaine des forces spéciales, est également souligné. En tant qu’« envoyé personnel » du président, il a mené des tractations secrètes aux quatre coins du globe, notamment à Moscou, Kiev ou en Arabie saoudite. Il a également été impliqué dans les négociations pour la libération d’otages. Ce personnage de l’ombre rappelle le travail de François de Grossouvre auprès de François Mitterrand.

En dépit des revers, les services de renseignement français, sous l’impulsion présidentielle, ont vu leur rôle accru et leur légitimité renforcée, notamment après les attentats de 2015. La France se positionne désormais parmi les trois premiers pays en matière d’espionnage, preuve d’une montée en puissance indéniable.