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Le groupe La République en Marche (LREM) a perdu sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, une première pour un groupe majoritaire sous la Ve République. Cette situation est le résultat d'une série de démissions et d'exclusions.

Depuis 2017, le groupe La République en Marche (LREM) à l’Assemblée nationale a connu une hémorragie inédite de ses effectifs. Entre démissions et exclusions, les Marcheurs ont perdu leur majorité absolue, une situation jamais vue pour un groupe majoritaire sous la Ve République. Le départ le plus récent est celui de Mustapha Laabid, élu d’Ille-et-Vilaine, contraint de démissionner après avoir été condamné pour abus de confiance et frappé d’inéligibilité. Son cas avait également fait l’objet d’une demande de déchéance de mandat par le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.

En seulement trois ans, le parti d’Emmanuel Macron, initialement composé de 314 députés sur 577, a vu ses rangs fondre de 45 sièges, soit une perte de 14% de ses effectifs. Avec seulement 270 élus aujourd’hui, LREM ne détient plus la majorité absolue. Cependant, le parti peut toujours compter sur le soutien de ses alliés du MoDem (58 députés) et du groupe Agir ensemble (22 députés) pour faire adopter ses textes de loi.

Cette vague de départs a profondément modifié le paysage de l’hémicycle, favorisant la création de nouveaux groupes parlementaires. L’Assemblée nationale a ainsi vu apparaître un huitième groupe (Libertés et Territoires en octobre 2018), un neuvième (Écologie Démocratie Solidarité en mai 2020, dissous cinq mois plus tard) et un dixième groupe politique (Agir ensemble, également en mai 2020), atteignant un nombre record de groupes sous la Ve République.

La majorité des départs est due à des démissions motivées par des désaccords profonds sur la ligne politique du mouvement. Parmi les griefs exprimés par ces « frondeurs » se trouvent un manque de démocratie interne, des ambitions environnementales et sociales jugées insuffisantes, ou encore la désapprobation du recours à l’article 49-3 de la Constitution pour la réforme des retraites. Quatre députés ont été exclus du groupe, notamment pour avoir voté contre certaines mesures clés du gouvernement, comme Sébastien Nadot, opposé au budget 2019, et Martine Wonner, qui s’était prononcée contre le plan de déconfinement.