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La loi de programmation pour la recherche, adoptée le 20 novembre, assouplit les modalités d'embauche des chercheurs en s'inspirant du modèle allemand. L'iFRAP salue cette initiative qui vise à améliorer l'attractivité des carrières et à réduire le chômage des docteurs en France, malgré les contestations.

La loi de programmation pour la recherche, adoptée le 20 novembre dernier, vise à mieux financer et évaluer la recherche publique, améliorer l’attractivité des métiers de la recherche et replacer la science dans une relation ouverte avec la société. Elle prévoit une augmentation progressive des dépenses de recherche de 2,2% à 3% du PIB d’ici 2030, soit 25 milliards d’euros supplémentaires. Cependant, l’aspect le plus notable de cette loi réside dans l’assouplissement des modalités d’embauche des chercheurs, s’inspirant du modèle allemand.

Ce projet de loi, qualifié de « touffu » par le Conseil d’État, a suscité de vives contestations parmi les chercheurs. En France, 65% des personnels de recherche sont titulaires, une situation inverse à celle de l’Allemagne où la majorité des chercheurs sont contractuels. Face à un exode des cerveaux vers l’Allemagne et les États-Unis, la France cherche à adapter son système pour attirer et retenir ses meilleurs talents. La compétition intense et les postes non garantis à vie en Allemagne permettent des budgets de recherche plus conséquents, incitant de nombreux chercheurs français à s’expatrier.

En s’inspirant du modèle allemand, la loi de programmation introduit de nouvelles modalités d’embauche. Parmi elles, des contrats de pré-titularisation pour « professeurs juniors » d’une durée de 3 à 6 ans, similaires aux contrats allemands de 3 à 4 ans. Des contrats postdoctoraux, publics et privés, visent à faciliter la transition des docteurs vers des postes pérennes. De plus, les chercheurs publics pourront plus facilement créer une entreprise, participer à la vie d’une entreprise ou cumuler une activité privée à temps partiel. La loi crée également un « contrat à durée indéterminée de mission scientifique » pour le recrutement de personnels dédiés à des projets spécifiques.

Un article controversé prévoit la possibilité de déroger à la reconnaissance du Conseil national des universités (CNU) pour l’accès aux corps des professeurs et le recrutement local expérimental de maîtres de conférences non qualifiés par le CNU. Cette mesure est perçue par certains comme une menace à la qualité des candidatures, le CNU souhaitant conserver son rôle central. Bien que ces mesures soient vues par de nombreux chercheurs titulaires comme des « attaques au statut de fonctionnaire », le taux de chômage des docteurs en France, trois ans après l’obtention de leur doctorat, avoisine les 10%, contre seulement 2% en Allemagne. La mutation vers plus de contractualisation et de passerelles entre recherche publique et privée semble aller dans le bon sens, malgré les réticences d’un monde de la recherche publique très attaché à ses statuts, qui peuvent parfois constituer un frein plutôt qu’une aide.