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Une pétition record contre la loi Duplomb relance le débat sur les pesticides. La réintroduction controversée de l'acétamipride soulève l'inquiétude des défenseurs de l'environnement et de la santé, tandis que la gauche promet une mobilisation parlementaire pour son abrogation.

La controverse autour de la loi Duplomb s’intensifie. Une pétition demandant son abrogation a recueilli plus de 1,5 million de signatures, un seuil largement supérieur aux 500 000 nécessaires pour obtenir un débat à l’Assemblée nationale. Ce succès inédit met la pression sur le gouvernement et la classe politique.

Adoptée le 8 juillet, la loi Duplomb, du nom du sénateur Laurent Duplomb (LR), autorise la réintroduction dérogatoire et sous conditions de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Bien que cet insecticide soit interdit en France depuis 2018, il reste autorisé dans d’autres pays européens. Cette mesure est fortement soutenue par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment manquer d’alternatives pour lutter contre les ravageurs et faire face à une concurrence jugée déloyale.

Cependant, les apiculteurs s’inquiètent vivement, qualifiant l’acétamipride de « tueur d’abeilles », tandis que ses effets potentiels sur la santé humaine suscitent également des préoccupations, faute d’études approfondies. La pétition, lancée par une étudiante le 10 juillet, qualifie la loi d’« aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire », pointant une « attaque frontale contre la santé publique et la biodiversité ».

Le succès de cette mobilisation citoyenne a poussé la gauche et les écologistes à promettre de maintenir la pression à l’automne pour l’abrogation du texte. Des figures comme Sandrine Rousseau (députée écologiste) ont annoncé que chaque groupe du Nouveau Front populaire proposera l’abrogation de la loi Duplomb lors des prochaines « niches parlementaires ». La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est déclarée favorable à la tenue d’un débat, tout comme la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a assuré que le gouvernement était « pleinement disponible ».

Néanmoins, un tel débat ne permettra pas de réexaminer la loi sur le fond, car un nouveau texte législatif serait nécessaire pour une abrogation. Pour l’instant, le texte doit encore être examiné par le Conseil constitutionnel, saisi par les groupes de gauche, qui doit rendre sa décision d’ici le 10 août. L’entourage d’Emmanuel Macron a rappelé que le président ne peut s’exprimer sur le sujet avant cette décision.