pesticide-protest-agriculture
Une pétition contre la loi Duplomb a dépassé le million de signatures, ouvrant la voie à un débat inédit à l'Assemblée. Le texte, controversé par la réintroduction d'un pesticide, divise fortement le monde politique et agricole, et un recours a été déposé devant le Conseil Constitutionnel.

La pétition citoyenne contre la loi Duplomb a dépassé le million de signatures ce dimanche 20 juillet sur le site de l’Assemblée nationale, un record historique sous la Ve République. Cet engouement pourrait déclencher un débat inédit au Parlement, bien que cela ne permette pas un réexamen ou une abrogation du texte déjà adopté. La barre des 500 000 signatures, atteinte samedi, avait déjà ouvert cette possibilité, sous réserve que les signataires proviennent d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer.

La loi Duplomb, adoptée le 8 juillet, vise à lever les contraintes pour les agriculteurs et inclut la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France depuis 2018 mais autorisé ailleurs en Europe. Cette mesure est au cœur de la controverse, les opposants la qualifiant d’« aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire ». L’acétamipride est surnommé le « tueur d’abeilles » et des études ont soulevé des inquiétudes concernant ses effets sur la santé humaine, notamment sa capacité à franchir la barrière placentaire et à être retrouvé dans le liquide céphalo-rachidien des enfants.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est déclarée « favorable » à un débat, mais a insisté sur le fait qu’il « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée », estimant qu’elle est essentielle pour « sauver un certain nombre de nos agriculteurs ». Le sénateur Laurent Duplomb, auteur de la loi, partage cet avis et s’inquiète d’une « concurrence déloyale » si le texte n’était pas appliqué, car l’acétamipride est autorisé dans la plupart des pays européens. Les syndicats agricoles majoritaires, tels que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, sont également très favorables à la loi, arguant qu’elle assure l’égalité concurrentielle avec les voisins européens.

En revanche, des partis de gauche et des associations comme La France insoumise, les Écologistes, Générations Futures ou Cancer Colère, ont appelé à la non-promulgation de la loi par le président Emmanuel Macron et à la poursuite de la mobilisation. Ils estiment que la loi a eu un « parcours expéditif » au Parlement et dénoncent l’absence de réel débat. Plusieurs recours ont été déposés devant le Conseil constitutionnel par des députés de gauche, espérant une censure pour vice de procédure, ce qui est considéré comme l’option la plus réaliste pour empêcher sa promulgation.