
Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire, a annoncé mardi 14 octobre la suspension de la réforme des retraites de 2023 jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Cette décision répond aux demandes des socialistes de geler le décalage progressif de l’âge de départ à 62 ans et 9 mois, et de stopper l’augmentation de la durée de cotisation à 170 trimestres.
Ce geste politique majeur vise à sortir d’une crise qui paralyse le pays. Alors que le Parlement doit examiner les projets de loi de finances, une censure du gouvernement serait perçue comme incompréhensible par des Français lassés des manœuvres politiciennes. La chute de M. Lecornu pourrait entraîner une dissolution ou une démission du président, sans résoudre les débats de fond sur les retraites.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a indiqué que ses députés ne voteraient pas la censure, contrairement à La France insoumise et aux Écologistes, qui cherchent à capitaliser sur la crise. La réforme des retraites, perçue comme injuste et adoptée via l’article 49.3, était devenue le symbole d’un pouvoir vertical. Même Élisabeth Borne et Philippe Aghion avaient demandé sa suspension face à l’intensité de la crise.
Cependant, M. Lecornu a souligné que cette suspension aurait un coût : 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027. Il a appelé les députés à faire preuve de constructivité pour trouver des solutions budgétaires, la France devant ramener son déficit à moins de 5 %. Il a également promis de ne pas utiliser le 49.3.
Les prochains mois seront cruciaux. Une nouvelle conférence sur les retraites devra permettre aux partenaires sociaux d’exposer leurs points de vue. Les futurs candidats à la présidentielle devront présenter des projets concrets pour assurer la pérennité du système par répartition, un véritable défi face aux débats souvent à court terme.