
Sébastien Lecornu, tout juste reconfirmé à Matignon, fait face à une journée politique cruciale ce mardi 14 octobre. Le Premier ministre doit gérer un budget contraint, affronter les premières offensives parlementaires et prouver sa capacité à gouverner sans majorité absolue. La journée s’annonce donc à hauts risques, entre urgence budgétaire, bataille parlementaire et test d’autorité.
Dès 10 heures à l’Élysée, le premier Conseil des ministres du gouvernement Lecornu II a mis à l’ordre du jour la présentation express du projet de loi de finances (PLF) pour 2026 et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ces deux textes essentiels doivent être transmis au Parlement dans la foulée, respectant ainsi le délai constitutionnel de soixante-dix jours. Ce budget, bien que jugé « imparfait mais ouvert au débat » par Matignon, vise à ramener le déficit sous les 5 % du PIB en 2026 et à le cibler à 3 % en 2029, tout en maintenant une ligne d’austérité. Des mesures incluent la réduction du « train de vie » de l’État, la maîtrise des dépenses sociales et locales, ainsi qu’une baisse de l’impôt sur le revenu pour les entreprises et les ménages modestes.
À 15 heures, Sébastien Lecornu montera à la tribune de l’Assemblée nationale pour sa déclaration de politique générale (DPG). Cet exercice, bien que non prévu par la Constitution, est devenu un rituel. Il permet au Premier ministre d’exposer la feuille de route de son gouvernement et de fixer ses priorités. Le choix d’une déclaration suivie d’un débat sans vote, conformément à l’article 50-1 de la Constitution, permet à l’exécutif d’engager la discussion sans risquer un vote de confiance immédiat. Cette procédure est une précaution assumée après l’échec de François Bayrou le mois dernier. Le débat qui suivra, bien que sans portée juridique, sera un baromètre politique pour évaluer les rapports de force et la capacité de Sébastien Lecornu à imposer son autorité.
La menace des motions de censure plane sur l’hémicycle, déposées par le Rassemblement national et La France insoumise. Leurs débats auront lieu ce jeudi. Si tous les partis de gauche, le RN et le groupe d’Éric Ciotti votaient ces motions, le gouvernement Lecornu II tomberait. Cependant, le Parti socialiste a d’ores et déjà annoncé qu’il ne voterait pas ces motions, tout en se réservant la possibilité d’en déposer une nouvelle en fonction du discours de Sébastien Lecornu. Le Premier ministre joue donc sa survie politique dès sa première journée pleine à Matignon, entre un budget ficelé dans l’urgence, une déclaration sous tension et des motions de censure prêtes à s’abattre.