
Un « kit de mobilisation » confidentiel de quatorze pages, émanant du Medef, circule actuellement parmi les chefs d’entreprise. Son objectif principal est de contrer les mesures du contre-budget du Parti socialiste (PS), notamment l’impôt plancher de 2 % sur les très grandes fortunes, dit « taxe Zucman ».
Bien que le Premier ministre Sébastien Lecornu ait rapidement écarté cette proposition pour le budget 2026, la taxe Zucman a gagné en popularité dans le débat public. Le Medef y voit une « ligne rouge » et une « spoliation », craignant qu’elle ne soit « ravageuse pour l’économie » et ne décourage l’investissement et l’emploi.
Pour mener cette offensive, les antennes territoriales du Medef sont chargées de contacter individuellement les parlementaires socialistes. Elles doivent les « sensibiliser sur les risques importants » que de telles mesures feraient courir aux entreprises locales. La méthode suggérée inclut le recueil de témoignages de chefs d’entreprise dont l’activité serait menacée et la liste des innovations qui seraient « bloquées » par une politique fiscale jugée trop défavorable.
L’organisation patronale a confirmé au Monde que ces actions font partie de ses démarches habituelles auprès du Parlement, visant à faire valoir ses arguments et à engager le dialogue. Le président du Medef, Patrick Martin, a d’ailleurs menacé d’une « grande mobilisation patronale » en cas de hausse d’impôts ciblant les entreprises. Cette stratégie de lobbying, bien que parfois qualifiée de « maladroite » ou d’« offensive », vise à « limiter les dégâts » pour les entreprises face aux menaces fiscales.
Malgré l’opposition du Medef, le Parti socialiste continue de défendre la taxe Zucman, la considérant comme essentielle pour renforcer la justice fiscale et augmenter les recettes de l’État. En remplacement, Sébastien Lecornu a proposé une taxe sur le patrimoine financier des plus riches, excluant les biens professionnels, une mesure jugée « insuffisante » par le PS.