
La kératopigmentation, une technique initialement conçue pour la médecine réparatrice afin de masquer les plaies de l’iris, est de plus en plus utilisée à des fins purement esthétiques. Cette déviation de son usage initial suscite de vives inquiétudes parmi les professionnels de la santé oculaire. La promesse de changer la couleur des yeux de façon permanente en quelques minutes, passant du brun au vert lagon, séduit de nombreuses personnes cherchant une alternative aux lentilles de contact colorées.
Aussi connue sous le nom de « tatouage cornéen », la kératopigmentation implique l’injection de pigments dans la cornée, la partie transparente située devant l’iris, pour en modifier artificiellement la couleur naturelle. Bien que l’idée puisse paraître séduisante, les experts mettent en garde contre les risques associés à cette procédure lorsqu’elle est réalisée à des fins esthétiques sur des yeux sains. Ce détournement de la technique est préoccupant pour les ophtalmologistes, qui voient une confusion grandissante entre les objectifs de la médecine réparatrice et ceux de la chirurgie esthétique.
Initialement, la kératopigmentation était réservée aux patients ayant subi des traumatismes oculaires ou présentant des pathologies entraînant des anomalies de l’iris. Son rôle était de restaurer l’apparence de l’œil et non de modifier une couleur naturelle. Cependant, depuis une dizaine d’années, cette pratique s’est largement étendue en dehors de ce cadre thérapeutique. Des personnes sans aucune pathologie visuelle recourent à cette chirurgie dans le seul but d’améliorer leur apparence esthétique, sans prendre pleinement conscience des dangers potentiels. Cette utilisation cosmétique d’une technique médicale soulève des questions éthiques et sanitaires importantes, nécessitant une information claire et précise sur les véritables implications de ce type d’intervention.