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Des milliers de tonnes de textiles usagés déferlent sur le Kenya via le port de Mombasa, alimentant le marché colossal de Gikomba à Nairobi. Si cette activité crée de l'emploi, elle engendre aussi une pollution textile croissante, poussant des initiatives locales à émerger pour tenter de recycler ces montagnes de vêtements.

Des milliers de tonnes de textiles usagés, en provenance notamment d’Europe et des États-Unis, transitent annuellement par le port de Mombasa, à 500 kilomètres de Nairobi. Cette importation massive, principalement destinée au marché de la seconde main, pose un défi environnemental croissant au Kenya, bien que des initiatives locales émergent pour y faire face. Le Kenya est le premier marché pour les vêtements d’occasion en Afrique, et cette activité florissante a vu ses importations de vêtements de seconde main augmenter de 11,5% en 2023, atteignant plus de 198 000 tonnes.

Au cœur de ce commerce se trouve le marché de Gikomba à Nairobi, le plus grand marché de textile d’occasion d’Afrique de l’Est. Fondé dans les années 1950, Gikomba est un labyrinthe de stands où des porteurs déchargent inlassablement des ballots de vêtements, appelés « mitumba » en swahili. Ce marché, véritable plaque tournante de l’ingéniosité et de la négociation, attire aussi bien les Kényans en quête de vêtements abordables que les touristes amateurs de fripes.

Près de 500 conteneurs de vêtements usagés arrivent chaque mois au Kenya, via le port de Mombasa, servant de porte d’entrée pour le pays et ses voisins comme l’Ouganda et la Tanzanie. Des entreprises spécialisées achètent ces lots massifs auprès de sociétés occidentales, puis les revendent aux Kényans qui trient les pièces de valeur du reste. Cependant, une part significative de ces importations, estimée entre 20 et 50%, est jugée invendable car endommagée, de mauvaise qualité, ou inadaptée au climat local, aggravant ainsi la pollution textile.

Ce flux incessant de vêtements de mauvaise qualité, souvent synthétiques et difficiles à recycler, génère une pollution environnementale considérable, notamment dans des décharges comme celle de Dandora. Le recyclage de ces textiles pose un défi majeur, car seulement 1% des textiles produits dans le monde sont recyclés. Face à cette problématique, des initiatives locales et des entreprises sociales comme Africa Collect Textiles (ACT) voient le jour au Kenya, cherchant à transformer les déchets textiles en produits durables et à promouvoir une économie circulaire.