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Le Kenya s'impose comme un acteur majeur de la sous-traitance mondiale et de l'IA, créant des milliers d'emplois pour sa jeunesse. Ce secteur en croissance rapide offre de nouvelles perspectives malgré des défis liés à l'IA et au bien-être des employés. Le pays vise à devenir un hub de la sous-traitance grâce à ses atouts.

Des dizaines d’employés kenyans sont plongés dans la sous-traitance numérique, traquant des baleines pour des navires autonomes ou analysant des radiographies pour des clients étrangers. Cette activité est le reflet d’un marché mondial de la sous-traitance en pleine expansion. Cloudfactory, une entreprise basée à Nairobi, propose depuis 2014 des services variés, allant de la transcription à l’analyse de données pour l’intelligence artificielle (IA). L’entreprise participe à l’analyse de radiographies médicales, aide à l’estimation des dommages pour les assureurs, et mesure la couverture forestière pour des projets de compensation carbone. Cette évolution technologique suscite l’espoir de créer des emplois pour les jeunes Kényans.

Festus Kiragu, directeur de Cloudfactory Kenya, affirme que l’IA, bien que performante, nécessite toujours une intervention humaine pour l’instruction et la vérification des résultats, générant ainsi de nombreux postes. Cloudfactory emploie 130 personnes et collabore avec 3 000 travailleurs indépendants. Dans un pays où 80 % du million de jeunes atteignant l’âge adulte chaque année se retrouvent dans des emplois informels et mal rémunérés, le secteur de la sous-traitance offre des opportunités de carrière. CCI Kenya, une autre entreprise de sous-traitance à Nairobi, emploie 5 000 personnes et prévoit de doubler ses effectifs d’ici 2030, recevant des centaines de candidatures hebdomadaires.

Actuellement, l’Afrique représente seulement 2 % des activités mondiales de sous-traitance, mais cette part est appelée à croître en raison de l’augmentation des salaires dans les hubs traditionnels comme l’Inde. Le Kenya bénéficie d’une jeunesse anglophone, éduquée et d’une infrastructure Internet de qualité. Le secteur emploie 35 000 personnes et pourrait atteindre 100 000 d’ici trois à quatre ans avec le soutien gouvernemental, selon le cabinet Genesis. Cependant, cette expansion n’est pas sans controverses. Des anciens employés de Sama, un sous-traitant de modération de contenu pour Facebook, ont fait état de dommages psychologiques. Un tribunal kenyan a même estimé que Meta pourrait être poursuivie dans cette affaire.

M. Kiragu de Cloudfactory reconnaît l’importance de la modération de contenu, tout en soulignant la nécessité de prendre en compte son impact mental, suggérant des rotations régulières. Une association kényane de la sous-traitance milite pour des allègements fiscaux afin de renforcer la compétitivité face à l’Asie. L’IA présente un double tranchant : si elle crée de nouveaux emplois, elle peut aussi en supprimer, notamment dans les centres d’appels. Betty Maina, ancienne ministre et membre de Genesis, insiste sur l’importance d’adapter les compétences aux nouvelles exigences du marché. Cependant, pour l’heure, le travail humain reste essentiel. Rishi Jatania de CCI Kenya estime que, face à un imprévu, les clients préfèrent toujours interagir avec un humain plutôt qu’un robot.