jute-farming-India
Au cœur du delta du Bengale, la culture du jute est en plein essor, offrant une alternative écologique au plastique. Cependant, l'industrie est minée par une crise sociale profonde, avec des milliers d'ouvriers manifestant pour de meilleures conditions de travail et salaires.

La saison du jute bat son plein dans le delta du Bengale, en Inde, une région au climat tropical propice à la culture de cette fibre naturelle. Les longues tiges de jute sont soumises au rouissage, un processus de macération qui facilite la séparation de l’écorce filamenteuse. Sous la mousson, des femmes extraient les fibres qui sont ensuite séchées le long des routes et dans les villages. Cette fibre, robuste et biodégradable, est une alternative écologique prometteuse au plastique, car elle nécessite peu d’engrais et participe au recyclage du carbone.

L’État du Bengale-Occidental, qui assure trois quarts de la production nationale, est le cœur de l’industrie indienne du jute, faisant de l’Inde le premier producteur mondial devant le Bangladesh. Cependant, malgré cette position dominante, les filatures de jute, qui emploient entre 250 000 et 300 000 ouvriers, sont en proie à une crise sociale persistante depuis plusieurs décennies. Cette situation pousse régulièrement les syndicats à manifester dans les rues de Calcutta pour exiger de meilleures conditions de travail et de rémunération.

La dernière manifestation en date remonte au 29 août. Gargi Chatterjee, une responsable du syndicat Bengal Chatkal Mazdoor Union, dénonce la précarité extrême des millions de travailleurs. Elle fustige également la négligence des patrons d’usine et les politiques jugées anti-ouvrières de la classe dirigeante, soulignant l’indifférence des gouvernements central et régional face aux problèmes des travailleurs du jute.