Le monde de la chanson française pleure la disparition de Jean Guidoni, emporté par une « maladie fulgurante » à l’âge de 74 ans, ce vendredi 21 novembre à Bordeaux. L’annonce de son décès par son attachée de presse à l’AFP marque la fin d’une ère pour un artiste dont l’univers sulfureux et théâtral a profondément marqué les esprits. Guidoni, né en 1951 à Toulon, a tracé un chemin singulier, loin des sentiers battus de la variété.
Ses débuts parisiens dans les années 1970, après une première vie de coiffeur à Marseille, révèlent rapidement une personnalité artistique hors norme. Il s’affranchit des codes, refusant de se plier aux exigences commerciales, préférant explorer ses démons intérieurs à travers sa musique. La rencontre avec le parolier Pierre Philippe, notamment connu pour ses adaptations des œuvres de Rainer Werner Fassbinder, fut un moment clé de sa carrière. Cette collaboration a permis à Guidoni de pleinement embrasser son identité artistique et d’exprimer son exubérance sur scène, où il n’hésitait pas à jouer avec les codes de la séduction, arborant bas résille, talons aiguilles et un visage maquillé de blanc.
Parmi ses titres emblématiques, on retrouve « Je marche dans les villes », « Tramway terminus nord » et « Mort à Venise », qui ont su fidéliser un public sensible à son approche unique. L’album Crime passionnel, sorti en 1982, est un jalon essentiel de sa discographie. Mis en musique par le grand Astor Piazzolla, cet opus, véritable « opéra pour homme seul », mélangeait textes écorchés et expressionnisme théâtral, consolidant son statut d’icône.
Guidoni a toujours su rester en marge des carcans commerciaux, prenant parfois lui-même la plume pour ses textes. Son album La Pointe rouge (2007) a vu des collaborations notables avec des artistes comme Dominique A, Philippe Katerine, Jeanne Cherhal et Mathias Malzieu. Son 17e et dernier album studio, Eldorado(s), est sorti en avril dernier, témoignant de son engagement artistique indéfectible. Fidèle à son public et à la scène, Jean Guidoni s’était encore produit le 24 juin au Café de la danse à Paris, dans sa salle de prédilection, le théâtre des Bouffes du Nord, laissant derrière lui une œuvre riche et inoubliable.
