Jair-Bolsonaro-Brasilia
Jair Bolsonaro a été condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d'État au Brésil. Ce verdict historique divise le pays et provoque une crise diplomatique avec les États-Unis, dont le président Donald Trump a critiqué la décision.

L’ancien président brésilien d’extrême droite, Jair Bolsonaro, a été condamné jeudi 11 septembre à vingt-sept ans et trois mois de prison pour tentative de coup d’État. Le Tribunal suprême fédéral a statué en faveur de cette condamnation par quatre juges contre un. Cristiano Zanin, le cinquième et dernier magistrat à s’exprimer, a estimé que l’ex-chef d’État avait participé à une «organisation criminelle armée» visant à le maintenir autoritairement au pouvoir malgré sa défaite face à Luiz Inacio Lula da Silva en 2022.

Jair Bolsonaro, qui clame son innocence et risquait jusqu’à plus de quarante ans de prison, a été reconnu coupable d’avoir dirigé cette «organisation criminelle» pour empêcher l’investiture de Lula. Inéligible jusqu’en 2030 et assigné à résidence à Brasilia depuis début août, l’ancien président n’était pas présent aux audiences, invoquant des raisons de santé. Son fils aîné, Flavio Bolsonaro, a dénoncé sur les réseaux sociaux une «suprême persécution» et un «lynchage judiciaire», tandis que des journalistes l’ont aperçu dans son jardin.

Ce procès historique a profondément divisé l’opinion brésilienne et a provoqué une crise sans précédent avec les États-Unis. Le président américain Donald Trump a qualifié cette condamnation de «très surprenante», y voyant des similitudes avec ses propres déboires judiciaires et affirmant que Bolsonaro était «un homme bien». En réaction, Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50 % sur une partie des exportations brésiliennes et a annulé les visas de plusieurs juges du Tribunal suprême fédéral, dont Alexandre de Moraes, rapporteur du procès Bolsonaro.

Le juge Moraes a été le premier à voter pour la condamnation de l’ex-président, déclarant que le Brésil avait «failli redevenir une dictature» lors du coup d’État manqué. Le secrétaire d’État américain, sur X, a promis de «répondre en conséquence» à cette condamnation, dénonçant des «persécutions politiques» menées par Alexandre de Moraes. Flavio Dino, ancien ministre de la justice de Lula, a également voté pour la condamnation, soulignant que les infractions jugées «ne sont pas susceptibles d’amnistie». Seul le juge Luiz Fux a voté pour la relaxe, arguant un manque de preuves et estimant que le complot n’avait pas dépassé la «phase préparatoire». Une position vivement critiquée par Lula, qui a affirmé que Bolsonaro avait «tenté de mener un coup d’État» et qu’il existait «des dizaines, des centaines de preuves».

Jair Bolsonaro était jugé avec sept anciens proches collaborateurs, dont des ex-ministres et généraux. C’est la première fois qu’un ancien chef d’État brésilien est jugé pour de telles accusations depuis la fin de la dictature militaire (1964-1985).