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Le ministère de l'Économie a renforcé son contrôle sur les investissements étrangers en France en 2024 pour protéger les intérêts nationaux. Le nombre de demandes a augmenté, et plus de la moitié des autorisations ont été soumises à des conditions strictes, notamment dans la défense, les infrastructures et les technologies critiques.

Le ministère de l’Économie, également connu sous le nom de Bercy, a maintenu un niveau de contrôle élevé sur les investissements étrangers en France l’an dernier. Cette surveillance accrue vise à préserver les intérêts nationaux, notamment dans les secteurs considérés comme sensibles. Le rapport annuel du contrôle des investissements étrangers en France (IEF), publié récemment, révèle une augmentation substantielle des demandes d’autorisation : 392 en 2024, contre 309 en 2023. Cette hausse témoigne d’un intérêt croissant des investisseurs étrangers pour les activités stratégiques françaises.

Les secteurs sensibles sont classés en trois catégories principales. La première concerne les activités « sensibles par nature », majoritairement liées à la défense et à la sécurité (armement, cryptologie, etc.). La deuxième catégorie englobe les « infrastructures, biens ou services essentiels », tels que l’approvisionnement en énergie, l’eau, les transports ou la sécurité alimentaire. Enfin, la troisième catégorie inclut les activités de recherche et développement axées sur des technologies critiques comme la robotique, l’intelligence artificielle ou les semi-conducteurs. Pour toute transaction dans ces domaines, un investisseur étranger doit obtenir une autorisation préalable de l’État français.

En 2024, 65% des demandes provenaient d’investisseurs situés hors de l’Union européenne, principalement des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Suisse. Au sein de l’Europe, le Luxembourg, l’Allemagne et les Pays-Bas étaient les principaux pays d’origine. Sur les près de 400 dossiers déposés, 182 opérations étaient éligibles au contrôle IEF. Fait notable, près des trois quarts (73%) de ces demandes d’examen préalable n’ont pas nécessité l’accord final du ministère.

Pour les opérations nécessitant un feu vert de Bercy, la quasi-totalité a été approuvée, mais plus de la moitié des autorisations ont été assorties de conditions strictes. Ces conditions peuvent, par exemple, garantir le maintien d’une activité de production stratégique en France ou s’assurer qu’un portefeuille de brevets sensibles reste sous contrôle français. La proportion d’autorisations sous conditions a significativement augmenté, passant de 44% en 2023 à 54% en 2024. Pour la première fois, Bercy a également révélé que six investissements étrangers ont été refusés au cours des trois dernières années, en raison de l’impossibilité de garantir la préservation des intérêts nationaux. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a souligné l’importance de maintenir cette vigilance en 2025 face aux menaces pesant sur les filières stratégiques.