
La mouvance « incel », contraction de « involuntary celibate » (célibataire involontaire), désigne une communauté en ligne de personnes, majoritairement des hommes hétérosexuels, qui se définissent comme incapables de trouver un partenaire amoureux ou sexuel. Ce mal-être profond, souvent enraciné dans un sentiment d’ostracisme subi à l’adolescence et des problèmes de santé mentale comme la dépression et l’anxiété, peut mener à une haine tenace envers le sexe opposé, en particulier les femmes, qu’ils tiennent pour responsables de leurs déboires sentimentaux .
Cette idéologie, bien que ne concernant qu’une minorité d’individus violents, est préoccupante par sa radicalisation. Des projets d’attaques ont été déjoués par les services de renseignement, notamment la DGSI et la DNRT en France . Leurs cibles sont souvent des femmes, incarnant à leurs yeux l’origine de leurs frustrations . L’année 2014 a marqué un tournant dans la radicalisation des communautés incel, avec le premier attentat considéré comme tel, la tuerie d’Isla Vista. Des meurtriers de masse comme Elliot Rodger et Alek Minassian, qui a tué dix personnes à Toronto en 2018, se sont revendiqués de ce mouvement, leurs actes étant souvent glorifiés au sein des forums incels .
L’écosystème en ligne des incels encourage des attitudes extrêmes, allant de la misogynie violente aux appels au viol, et même à la promotion du suicide et de la violence interpersonnelle . Les discussions y sont caractérisées par le ressentiment et la misanthropie . La polarisation entre jeunes hommes et jeunes femmes, ces dernières adoptant souvent des positions féministes tandis que les hommes développent des codes masculinistes, contribue à alimenter cette idéologie . Face à cette menace, une régulation plus stricte des plateformes numériques est jugée urgente, afin de lutter contre la propagation de ces discours de haine et d’éviter de nouveaux passages à l’acte .