Liliane-Bettencourt
Découvrez comment Liliane Bettencourt, la femme la plus riche du monde en 1981, a obtenu l'exonération de ses actions L'Oréal de l'Impôt sur les grandes fortunes grâce à ses puissantes connexions politiques, influençant ainsi durablement la législation fiscale française.

L’arrivée de la gauche au pouvoir en mai 1981, menée par François Mitterrand, a marqué un tournant fiscal majeur avec la proposition d’un impôt sur les grandes fortunes (IGF). Cette mesure, visant à instaurer une plus grande justice fiscale, a suscité une vive inquiétude parmi les contribuables les plus aisés. Liliane Bettencourt, alors la femme la plus fortunée du monde, bien que réticente à s’acquitter de ce nouvel impôt, a choisi de ne pas quitter la France.

Disposant de puissants contacts, notamment son mari André Bettencourt et François Dalle, directeur de L’Oréal, tous deux amis de longue date de François Mitterrand, un déjeuner crucial fut organisé. Lors de cette rencontre, François Dalle a subtilement suggéré les implications d’un tel impôt pour les Bettencourt, laissant entendre la possibilité d’un exil fiscal. André Bettencourt a quant à lui qualifié cet impôt de « catastrophique ».

Face à ces arguments, François Mitterrand, non sans une pointe d’humour en demandant si les Bettencourt avaient « de quoi manger », a néanmoins promis d’en discuter avec les ministres concernés, comme le rapporte la journaliste Marie-France Etchegoin dans son ouvrage Un milliard de secrets (2011). Cette intervention a conduit à une modification significative du projet de loi : l’introduction de l’exonération de l’« outil de travail ».

Grâce à cette disposition, les actions L’Oréal de Liliane Bettencourt, qui constituaient le cœur de sa fortune, ont été exemptées de l’IGF. Elles furent considérées comme son « outil de travail », à l’image de l’équipement d’un artisan ou d’un boulanger. Cette exemption a eu un effet de soulagement notable parmi les grands patrons. L’IGF, ancêtre de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) puis de l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière), fut mis en place par la loi de finances pour 1982 (loi du 30 décembre 1981).