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L'essor des publications scientifiques générées par l'IA soulève une question cruciale : l'IA peut-elle rédiger des tribunes ? Si elle maîtrise la rhétorique, l'essence d'une tribune réside dans la pensée personnelle, l'engagement et l'émotion humaine, des aspects que l'IA ne peut que simuler, rendant l'humain irremplaçable dans ce domaine.

Un article du Guardian du 12 juillet 2025 s’interrogeait sur la qualité des articles scientifiques face à l’explosion des publications, souvent générées par l’intelligence artificielle (IA). Ce phénomène submerge les revues et noie les contributions humaines, soulevant des doutes sur leur contenu. Cette situation légitime une question fondamentale : si l’IA peut rédiger des articles scientifiques, peut-elle se substituer à l’auteur d’une tribune, d’un texte d’opinion, de réflexion ou d’engagement ?

La question mérite d’être posée non seulement pour des raisons techniques, mais aussi pour des considérations intellectuelles et éthiques. À première vue, l’IA semble parfaitement adaptée à cet exercice. Elle est capable de produire des textes clairs, bien structurés, exempts de fautes et d’adapter un ton spécifique. L’IA maîtrise l’art de la rhétorique, peut synthétiser de multiples sources et même imiter le style d’un éditorialiste expérimenté. Des outils existent d’ailleurs pour aider à générer des ébauches d’articles d’opinion ou à trouver des idées de sujets, bien qu’ils nécessitent une supervision humaine pour garantir la qualité et l’exactitude.

Cependant, une tribune ne se limite pas à une forme élégante ou à une simple compilation d’informations. Elle est le fruit d’une pensée personnelle, d’un engagement profond, parfois d’une colère ou d’un espoir. Elle implique une position, un point de vue singulier, ancré dans une expérience humaine vécue. Comme l’écrivait Victor Hugo : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. » Un texte d’opinion réussi incarne une pensée vivante.

Une IA, aussi perfectionnée soit-elle, peut-elle formuler une pensée propre ? Peut-elle ressentir une injustice, s’indigner, douter, croire ou espérer ? La réponse est non. Elle peut mimer ces émotions et ces concepts, mais elle ne peut pas les vivre véritablement. Ce qui fait la force d’une tribune réside souvent dans ce qui échappe à la pure logique : une intuition, une expérience intime, une faiblesse ou une révolte. Ces éléments sont des reflets de la conscience humaine que l’IA ne peut que simuler, ce qui souligne les limites de l’IA en tant que substitut complet à l’auteur humain dans ce domaine.