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L'impact de l'intelligence artificielle sur l'emploi des jeunes diplômés dans le tertiaire est une question complexe. Entre inquiétudes de gel des recrutements et lenteur de l'intégration technologique, les analyses divergent.

La généralisation rapide des outils d’intelligence artificielle (IA) dans les métiers du tertiaire soulève des questions cruciales quant à son impact sur l’emploi des jeunes. Les rapports et études les plus récents, qui évaluent comment l’IA générative pourrait affecter le recrutement des diplômés dans les secteurs à forte automatisation (tech, finance, conseil, comptabilité, droit), présentent des conclusions variées et parfois contradictoires. Cette situation rend difficile une évaluation claire et immédiate des répercussions sur les carrières naissantes.

Pour Gregory Verdugo, professeur en sciences économiques à CY Cergy-Paris Université et auteur de l’ouvrage « L’IA et l’emploi », il est encore prématuré de mesurer l’impact réel de cette révolution technologique sur le marché du travail des jeunes. L’inquiétude porte notamment sur un potentiel gel du recrutement des jeunes diplômés, les entreprises pouvant préférer investir dans l’IA plutôt que d’embaucher de nouveaux talents. Historiquement, les jeunes travailleurs ont souvent été la première variable d’ajustement lors des bouleversements du marché du travail, qu’ils soient conjoncturels ou structurels. Si les investissements en IA ciblent l’automatisation des tâches les plus simples, ce sont précisément celles souvent confiées aux profils les moins expérimentés.

Cependant, il reste délicat de distinguer, à court terme, l’influence d’une baisse de la conjoncture économique de celle d’un changement technologique profond. Actuellement, la littérature académique s’accorde sur le fait que les transitions technologiques prennent du temps. Les avancées en intelligence artificielle sont certes rapides, mais leur application concrète en entreprise l’est beaucoup moins. La révolution numérique, par exemple, a mis environ trente ans à transformer intégralement le marché de l’emploi. Ainsi, bien que les grands modèles de langage existent depuis environ trois ans, il est encore tôt pour observer leurs effets tangibles sur les emplois juniors. Malgré ce consensus, plusieurs études et rapports récents suggèrent déjà une diminution du recrutement de profils juniors en entreprise, complexifiant davantage la compréhension de cette dynamique.