Le débat sur l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi continue de s’intensifier, et les métiers administratifs sont régulièrement cités parmi les plus menacés. Un e-mail publicitaire, signé « Delphine, la secrétaire IA de votre entreprise », illustre parfaitement cette tendance, vantant une disponibilité H24 pour un coût dérisoire. Cette situation met en lumière la pression croissante sur les secrétaires et assistantes, dont le nom même d’« assistant » est maintenant attribué aux intelligences artificielles conçues pour faciliter les tâches quotidiennes des employés.
Selon les recherches de Marie Benedetto-Meyer, sociologue du travail, et Céline Dumoulin, ingénieure de recherche à l’université Paris-Saclay, le nombre de secrétaires et assistantes en France s’établit à moins de 550 000, un chiffre stable depuis dix ans mais en nette diminution par rapport aux 700 000 à 780 000 recensés à la fin des années 1990. Cette profession, majoritairement féminine (96 %) et caractérisée par une grande stabilité de l’emploi (88 %), a vu son niveau de diplôme augmenter. Marie Benedetto-Meyer souligne l’évolution du rôle : la figure de la « secrétaire sténodactylo » des années 1980 a cédé la place à celle d’« assistante » dans les années 2000, avec l’intégration des outils bureautiques.
Les jeunes cadres ont progressivement intégré certaines tâches (gestion d’agenda, messages, notes de frais) qui relevaient auparavant des assistantes, transformant ainsi le cœur du métier. Aujourd’hui, on distingue trois grandes catégories : les assistantes de direction, les assistantes d’équipe et les assistantes spécialisées (RH, juridique, formation). Deux tiers d’entre elles utilisent les outils numériques plus de sept heures par jour. L’IA est perçue comme un atout, permettant de gagner du temps sur des tâches répétitives comme la préparation de présentations, la gestion d’agenda, la rédaction d’e-mails ou la transcription de réunions, ouvrant ainsi la voie à une montée en compétence et une redéfinition de leurs missions.
