
Malgré les alertes concernant l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi, les entreprises françaises tardent à aborder ce sujet de front. L’accord récent sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) du groupe BPCE, pour la période 2025-2028, en est une illustration frappante. Cet accord a été conclu dans un contexte pourtant propice à une discussion approfondie : un effectif conséquent de plus de 100 000 collaborateurs, une moyenne d’âge de 43 ans, une forte présence territoriale avec une centaine d’entreprises, une volonté affichée de développer l’usage de l’IA par les salariés, et un climat social plutôt serein. Le texte a d’ailleurs été signé à l’unanimité par les organisations syndicales représentatives (CFE-CGC, CFDT, UNSA) à la mi-juillet.
Présenté par BPCE comme « inédit » en raison de l’intégration de l’IA générative dans la GEPP, l’accord couvre un large éventail de thèmes, incluant les travailleurs expérimentés, l’apprentissage et le mécénat de compétence. Paradoxalement, il ne vise pas à anticiper les effets des nouvelles technologies sur l’emploi, ni à adapter les parcours professionnels à l’évolution numérique des métiers.
Selon Annie Martin-Robert, directrice des relations sociales du groupe BPCE, le chapitre dédié à l’IA se concentre sur la création de valeur pour les salariés, et non sur la transformation des métiers. Elle explique que « L’intégration de l’IA générative dans le groupe s’opère au service de l’efficacité des opérations bancaires, ce n’est pas de la transformation de métier. L’IA renforce la dimension relationnelle au service de nos clients, donne plus de capacité d’analyse ». L’accord stipule que « le groupe BPCE aborde l’intégration de l’intelligence artificielle générative de façon pragmatique avec pour objectif d’améliorer le quotidien des collaborateurs, la qualité du travail, la satisfaction client et la performance des entreprises du Groupe ». L’IA est perçue comme un « assistant du collaborateur », pour lequel le salarié doit maintenir un esprit critique et respecter l’éthique. L’accord prévoit une « optimisation des tâches » et une « libération de temps » grâce à l’IA, mais sans envisager de réelles transformations de métiers ou de suppressions d’emplois.