
L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pour analyser les émotions des employés ou des candidats lors des processus de recrutement est désormais largement interdite en Europe. Le règlement européen sur l’intelligence artificielle, connu sous le nom d’AI Act, dont le premier volet est entré en vigueur en février 2025, proscrit spécifiquement l’emploi de ces « IA émotionnelles » dans le cadre professionnel et éducatif.
Ces systèmes, capables de déduire des émotions à partir de données biométriques comme les expressions faciales ou l’intonation de la voix, sont considérés comme présentant un risque inacceptable. La fiabilité limitée de ces technologies et leur manque de capacité à généraliser les expressions émotionnelles à travers diverses cultures et situations sont des préoccupations majeures citées dans le règlement.
Frédéric Brajon, de Saegus, cabinet spécialisé dans l’adoption de l’IA, confirme que la reconnaissance faciale et les IA émotionnelles sont en tête de liste des préoccupations des entreprises quant aux interdictions. L’AI Act prohibe la mise sur le marché et l’utilisation de ces systèmes pour inférer les émotions d’une personne physique dans le contexte du travail et de l’éducation, à l’exception des usages pour des raisons médicales ou de sécurité.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) en France, met en garde les entreprises contre l’achat et l’utilisation de ces solutions, même si elles sont commercialisées. Elle rappelle aux entreprises qu’il leur incombe de s’assurer de la légalité de ces outils. L’interdiction s’applique également durant les phases de recrutement et les périodes d’essai. Seules des exceptions très restrictives sont prévues, notamment pour des raisons médicales ou de sécurité strictes, excluant la surveillance du bien-être général ou la détection du stress professionnel.
Les entreprises sont donc appelées à la plus grande prudence et à une vigilance accrue concernant leurs pratiques en matière d’IA, afin d’éviter les risques juridiques et de respecter les droits fondamentaux des individus.