
Des investissements colossaux, des valorisations boursières exorbitantes et des profits encore limités, à l’exception notable de Nvidia : l’euphorie autour de l’intelligence artificielle (IA) soulève la question d’une potentielle bulle financière. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a lancé cette alerte mi-août. Comparant la situation aux bulles financières historiques, comme celle d’Internet, il estime que l’excitation actuelle des investisseurs est palpable, tout en reconnaissant que l’IA représente « la chose la plus importante à venir depuis très longtemps ».
Cette inquiétude est partagée par de nombreux experts, dont l’économiste Carlota Perez, autrice de l’ouvrage « Technological Revolutions and Financial Capital : The Dynamics of Bubbles and Golden Ages ». Elle anticipe un krach boursier, soulignant que seuls les acteurs financiers voient leurs valorisations augmenter, tandis que les entreprises d’IA et les utilisateurs ne dégagent que peu de profits. Une situation typique de bulle, caractérisée par des plus-values élevées et des profits faibles.
Carlota Perez, reconnue pour ses travaux sur les cinq révolutions industrielles majeures (du métier à tisser au microprocesseur), observe un schéma récurrent. Avant de s’ancrer durablement dans l’économie, ces innovations ont toutes généré une frénésie d’investissements, souvent peu rentables, et une spéculation financière déconnectée des réalités, menant à des krachs ou des corrections boursières. L’éclatement de la bulle Internet en 2000 reste gravé dans les mémoires. Torsten Slok, économiste en chef du fonds Apollo, estime que la bulle de l’IA dépasse déjà celle des technologies de l’information des années 1990, accentuant les craintes d’un ajustement imminent sur les marchés financiers.