
Une nouvelle étude confirme une discrimination persistante à l’encontre des personnes en situation de handicap sur le marché du travail. À quelques jours de la 29e Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap, ces chiffres mettent en lumière une réalité alarmante : les candidats handicapés ont significativement moins de chances d’obtenir un entretien d’embauche. Naomie Mahmoudi, maîtresse de conférences en sciences économiques à l’université Claude-Bernard Lyon-I, souligne que les données statistiques prouvent une pénalisation persistante de ces profils.
L’étude, menée en collaboration avec Marion Goussé, professeure d’économie, révèle qu’à profil égal, les réponses positives des recruteurs chutent de près de 50 % lorsque le handicap physique est mentionné. Ce taux peut même être divisé par quatre si la candidature inclut un CV vidéo. Ce « testing », initié par l’association APF France Handicap, a analysé près de 2 000 annonces réelles pour des postes de secrétaire-réceptionniste ou d’assistant comptable.
Quatre profils fictifs de candidates ont été utilisés : une en fauteuil roulant, une autre avec un appareil auditif, une troisième cumulant les deux handicaps, et une dernière sans handicap. Les résultats sont sans appel : le taux de réponse positive passe de 27,6 % à 22 % dès la mention d’un handicap. L’écart est plus prononcé pour les postes de réceptionnistes (8,6 points) que pour les comptables (2,8 points), suggérant que le contact avec le public peut être un facteur de discrimination pour les recruteurs. Marion Goussé explique que les employeurs pourraient anticiper les préjugés des clients.
L’étude révèle également que l’impact de la mention du handicap est réduit si elle n’apparaît que dans la lettre de motivation, potentiellement moins lue attentivement. Cependant, l’utilisation d’un CV vidéo amplifie considérablement l’écart, atteignant 50 points de différence entre une candidate sans handicap visible et une autre en fauteuil et avec un appareil auditif. « Avec la vidéo, on se rapproche de ce qui pourrait avoir lieu au moment de l’entretien », conclut Naomie Mahmoudi, soulignant que la discrimination se renforce avec la visibilité du handicap.






