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La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a des répercussions inattendues, affaiblissant l'Europe. Un accord récent fixe les droits de douane à 15% sur les importations européennes, soulignant le nouveau rapport de force mondial et la fin du multilatéralisme.

La guerre commerciale initiée par les États-Unis, notamment sous l’administration Trump, visait à affirmer la supériorité américaine face à la Chine. Cependant, les récentes évolutions montrent que c’est l’Europe qui en subit les conséquences les plus sévères. Initialement, Donald Trump avait envisagé d’imposer des droits de douane de 10 % sur les importations européennes, une menace balayée par de nombreux analystes comme une simple provocation électorale. Pourtant, les faits ont montré une réalité bien différente.

En juillet 2024, Jan Hatzius, chef économiste chez Goldman Sachs, prévoyait que ces taxes amputeraient le Produit Intérieur Brut (PIB) de la zone euro d’un point et celui des États-Unis de 0,5 point. Contre toute attente, un an plus tard, Bruxelles a accepté un accord portant les surtaxes à 15 % sur les importations européennes vers les États-Unis, se déclarant même « satisfait » d’avoir évité le pire. Ce compromis, jugé par certains comme une « capitulation » de l’Union européenne, reflète un nouveau paradigme : la primauté du rapport de force sur le multilatéralisme.

L’administration Trump a ainsi redéfini les règles du jeu, transformant les relations internationales en une série de confrontations bilatérales plutôt qu’en une coopération multilatérale. L’Europe, prise entre le marteau américain et l’enclume chinoise, a mis du temps à s’adapter à cette nouvelle donne. Tandis que la Chine a su en partie résister aux pressions américaines, notamment en renforçant ses chaînes d’approvisionnement nationales et en diversifiant ses marchés, l’Union européenne se retrouve dans une position délicate, devant jongler entre son alliance occidentale et ses intérêts économiques avec la Chine.

Cet accord à 15 % impacte particulièrement des secteurs clés de l’économie européenne comme l’automobile allemande, déjà soumise à des taxes élevées. L’UE s’est également engagée à des achats massifs d’hydrocarbures américains et à des investissements significatifs aux États-Unis, illustrant la contrainte économique exercée. Ces tensions commerciales, exacerbées par la volonté américaine de corriger ses déséquilibres et de protéger ses industries, ont mis en lumière les divergences d’intérêts au sein même de l’Union européenne, avec des pays comme l’Allemagne et l’Irlande, grands exportateurs vers les États-Unis, plus durement touchés. La « guerre commerciale » sino-américaine a donc eu pour effet indirect d’affaiblir la position de l’Europe, redessinant ainsi les équilibres du commerce mondial.