
Le paysage politique français est en pleine ébullition suite à la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon. Fragilisé par le départ des Républicains (LR) et sous la menace d’une censure du Parti Socialiste (PS), le Premier ministre s’est engagé à présenter son nouveau gouvernement entre lundi et mardi. Ce cabinet éphémère aura pour mission prioritaire de déposer un projet de budget au Parlement dans l’urgence. En effet, la Constitution accorde 70 jours au Parlement pour examiner le texte budgétaire avant le 31 décembre, impliquant une transmission impérative avant lundi ou mardi prochain, après une présentation en Conseil des ministres.
Cependant, la tenue de ce Conseil des ministres est incertaine. Emmanuel Macron devrait être en Égypte lundi pour soutenir le plan de paix de Trump à Gaza, et la Constitution exige sa présence pour présider le Conseil. Cette absence potentielle ajoute une couche de complexité à une situation déjà tendue. Le nombre de partenaires des macronistes et du centre se réduit drastiquement. Les Républicains ont claqué la porte samedi, refusant toute participation au nouvel exécutif, tout en promettant un « soutien texte par texte » au Parlement, équivalent à une non-censure.
L’UDI, disposant d’un groupe important au Sénat, a emboîté le pas. Horizons, le parti d’Edouard Philippe, allié traditionnel d’Emmanuel Macron, réserve sa participation dans l’attente des propositions de Lecornu pour le pays. Le Premier ministre ne peut compter que sur le camp présidentiel, qui a ravalé ses critiques samedi, et le MoDem de François Bayrou, prêt à s’engager à ses côtés. À gauche, à l’exception notable du PS, toutes les forces politiques appellent à la censure immédiate du gouvernement Lecornu 2, rejoignant le Rassemblement national et l’UDR d’Éric Ciotti.
Le groupe socialiste (69 députés) détient la clé du maintien de Lecornu, mais il a posé des conditions strictes. Sans l’abandon du 49.3, des mesures concrètes pour protéger et renforcer le pouvoir d’achat des Français, et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, les socialistes ont annoncé qu’ils voteront la censure. La survie politique du gouvernement Lecornu est donc suspendue à ces négociations cruciales, dans un contexte de forte polarisation politique et d’urgence budgétaire.