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La génération des « Nicolas », jeunes actifs trentenaires, navigue entre lucidité et écœurement face à l'étranglement fiscal. Leur « revanche fiscale » est-elle une révolte légitime ou une fuite symptomatique d'une confusion entre justice et confort, solidarité et optimisation, ouvrant la voie à une désolidarisation systémique ?

La génération des « Nicolas », celle des jeunes actifs trentenaires, se trouve à un carrefour critique face à l’étranglement fiscal en France. Loin d’être cynique ou désengagée, elle se dit lucide, mais cette lucidité vire parfois à l’écœurement. Elle cotise et paie des impôts sans grandes illusions, souvent avec le sentiment de financer un modèle qui se vide de sa substance année après année. Cette pression fiscale croissante engendre une envie grandissante de « tout envoyer valser », une réaction compréhensible mais qui soulève des questions sur la solidarité collective.

Ce qui est observé actuellement dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec cette mise en scène d’une génération fière de ruser avec le système et d’assumer une « revanche fiscale », n’est pas une réappropriation politique. Il s’agit plutôt d’une confusion entre une légitime révolte contre la pression fiscale et une forme de fuite. Ce comportement est un symptôme d’une époque qui peine à distinguer la justice sociale du confort individuel, et la solidarité d’un simple calcul d’optimisation fiscale. Le sentiment d’injustice fiscale est un moteur de révoltes historiques en France, comme l’ont montré les Gilets Jaunes ou d’autres mouvements antifiscaux à travers l’histoire .

Ce discours, qui érige l’égoïsme en forme de lucidité, n’est pas spontané. Il est souvent méthodiquement instrumentalisé et s’inscrit dans une vieille grammaire politique de la droite libérale. Cette grammaire assimile l’impôt à une punition, la solidarité à une absurdité, et l’État à une bureaucratie hostile dont il faudrait se libérer. Ces idées, bien que recyclées sous une esthétique « cool » et algorithmique, ne sont pas nouvelles. Elles prétendent défendre les « nouvelles classes moyennes » mais ne font qu’ouvrir la voie à une désolidarisation systémique, c’est-à-dire à une brutalité accrue. La question de l’égoïsme en France est souvent liée à la fiscalité .