
La guerre menée par Israël à Gaza, débutée après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, a eu pour conséquence dramatique la suppression de la liberté d’informer. Depuis près de deux ans, les autorités israéliennes ont **interdit l’accès libre à la presse** dans la bande de Gaza. Cette situation est inédite et indigne d’un pays se présentant comme une démocratie au Proche-Orient.
Ce blocus de l’information, injustifiable, a été étonnamment accepté par de nombreux alliés occidentaux d’Israël, y compris les États-Unis et les pays de l’Union européenne, malgré leurs engagements en faveur du droit à l’information. Ce silence des démocraties a permis à la coalition israélienne de dépasser les limites, sans jamais être questionnée sur ce qu’elle cherchait à cacher au monde. L’isolement et la délégitimation de la parole palestinienne, souvent associée au Hamas, ont favorisé l’impunité, y compris envers les journalistes.
Cette stratégie d’invisibilisation ne se limite pas à priver la presse internationale de sa liberté. Elle s’accompagne d’une conduite de la guerre qui en fait le conflit le plus meurtrier pour la presse. À ce jour, plus de 200 journalistes, majoritairement palestiniens, ont perdu la vie dans les bombardements qui ont dévasté Gaza. Certains ont été victimes de frappes indiscriminées, parfois avec leurs familles, d’autres sont morts en couvrant les événements malgré le danger, et certains ont été délibérément ciblés, comme l’ont montré les décès de journalistes travaillant pour des médias internationaux les 10 et 25 août.
Une enquête de juin 2024, coordonnée par Forbidden Stories, avait déjà souligné une stratégie agressive d’Israël envers la presse. La guerre actuelle marque un changement d’échelle dramatique. Les appels au cessez-le-feu et à l’aide humanitaire doivent s’accompagner de deux exigences : la protection des journalistes et l’ouverture de Gaza à la presse internationale. C’est l’objectif de la campagne lancée le 1er septembre par Reporters sans frontières. Face à l’inertie d’Israël, les gouvernements attachés à la liberté d’informer doivent lui signifier clairement qu’une persistance aura un coût.