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Des familles gazaouies sont confrontées à la déchirante tâche d'identifier des corps de détenus palestiniens restitués par Israël, souvent méconnaissables et sans aucune information, dans un hôpital de Khan Younès, Gaza. La situation est rendue encore plus difficile par le manque de moyens et l'interdiction d'accès aux médias.

Dans la salle d’attente de l’hôpital Nasser, à Khan Younès, des dizaines de familles gazaouies vivent un calvaire. Depuis neuf heures, elles scrutent un écran diffusant des photos de corps méconnaissables, parfois démembrés ou figés dans des postures effroyables. Ces images sont celles des dépouilles de détenus palestiniens restituées par Israël en échange d’otages israéliens, suite à l’accord de cessez-le-feu du 10 octobre. Au total, environ 400 corps devraient être rendus.

Le silence pesant qui règne dans la pièce est parfois rompu par des sanglots ou des prières murmurées. La tâche d’identification repose presque entièrement sur les familles, car les dépouilles, remises par Israël via la Croix-Rouge, sont dépourvues d’identification ou d’informations sur les circonstances des décès. Cette situation est d’autant plus difficile que la presse internationale se voit toujours refuser l’accès à la bande de Gaza par Israël, rendant la collecte de témoignages et d’images extrêmement compliquée.

Les médecins légistes de l’hôpital Nasser, le plus grand de l’enclave, font face à un manque cruel de moyens pour pratiquer les tests ADN nécessaires à l’identification. À la date du 26 octobre, seuls 57 des 195 corps restitués par Israël avaient pu être identifiés par leurs familles. Certains cadavres présentent des signes de violence extrême, comme des mains liées, des balles tirées à bout portant, des traces de torture ou de brûlures, suggérant des exécutions sommaires. Des documents retrouvés dans les sacs mortuaires, écrits en hébreu, indiquent que de nombreux corps proviennent du camp de détention de Sde Teiman.

Ce processus de reconnaissance des corps est une épreuve quotidienne pour les familles, qui continuent de se rendre à l’hôpital dans l’espoir de retrouver un proche disparu. Le manque d’identification prive de nombreuses victimes d’une sépulture digne, laissant les familles dans l’incertitude quant au destin de leurs chers disparus.