
Ces quarante dernières années ont été marquées par un important déclin de l’influence électorale de la gauche en France, mais aussi par une profonde recomposition interne. De 1979, date des premières élections européennes au suffrage universel direct, à 2019, la gauche a perdu 19 points, passant sous la barre des 35 % des suffrages exprimés depuis 2014.
Ce phénomène ne se limite pas aux élections européennes. Sur quatre décennies d’élections présidentielles, le délitement de la gauche a été d’une ampleur similaire. Entre 1981 et 2022, le pourcentage de voix obtenu par la gauche est passé de 46,8 % à 31,9 %, soit une perte d’environ 15 points. Les dernières décennies témoignent d’une nette diminution de l’influence électorale de la gauche.
Ce recul s’est accompagné d’une recomposition drastique de l’équilibre entre ses différents courants historiques. Le Parti Socialiste (PS), qui a longtemps dominé la gauche française sous la Ve République, a connu un effondrement significatif. En 2022, lors de l’élection présidentielle, la candidate socialiste Anne Hidalgo n’a recueilli que 1,75 % des voix. Ce déclin du PS s’explique notamment par une position prise en étau entre La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon à gauche et La République En Marche d’Emmanuel Macron au centre, qui ont attiré une large part de son électorat. Le parti a également souffert de divisions idéologiques internes et d’une perte d’une vision idéologique claire.
Malgré ces difficultés, des tentatives d’union ont eu lieu, comme la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) en 2022, qui a permis à la gauche de sauver des groupes parlementaires à l’Assemblée nationale. Plus récemment, en vue des élections législatives de 2024, une nouvelle coalition, le Nouveau Front populaire (NFP), a été formée, réunissant les principaux partis de gauche. Cette union a pour objectif de s’opposer à la majorité présidentielle et au Rassemblement national. En cas de victoire, le NFP espère obtenir une majorité relative à l’Assemblée nationale.
Les crises du macronisme et du mélenchonisme pourraient potentiellement rebattre les cartes du paysage politique. Alors que le macronisme est parfois perçu comme une forme gouvernementale du logiciel d’extrême gauche, le mélenchonisme, avec un score de 22 % aux présidentielles de 2022, reste une force majeure à gauche. La capacité de la gauche à surmonter ses divisions internes et à présenter un front uni reste un défi majeur pour son avenir électoral.