Serge-Gainsbourg-microphone
Revivez le scandale de la Marseillaise version reggae de Serge Gainsbourg en 1980. Un succès audacieux, une polémique nationale et un concert mémorable à Strasbourg.

À l’aube des années 1980, la version reggae de l’hymne national par Serge Gainsbourg a profondément divisé la société française, provoquant un succès phénoménal chez les jeunes et un tollé retentissant à droite. L’histoire de ce scandale est emblématique de l’artiste. Le 4 janvier 1980, à Strasbourg, Serge Gainsbourg a marqué l’histoire politico-musicale en lançant, la voix empreinte d’émotion : « Je suis un insoumis et qui a redonné à La Marseillaise son sens initial ! Et je vous demanderai de la chanter avec moi ! » .

Cette scène capte l’essence même de Serge Gainsbourg. On y voit déjà l’émergence de son alter ego rugueux, Gainsbarre, qui succède au discret Serge, longtemps en retrait. L’artiste se révèle dans sa totalité créative, extravagant et excessif, mais aussi sensible et engagé malgré lui. Son allure est reconnaissable : les inaltérables Repetto blanches, le jean cigarette, le paquet de Gitanes à la main gauche tenant fermement un micro, et ce bras droit levé, poing fermé, comme une flamme. Le chanteur, le regard vague et visiblement ému, est alors entouré par les reporters qui lui tendent leurs micros.

Le scandale de cette reprise reggae de La Marseillaise, sortie en 1979 sur l’album « Aux armes et cætera », a débuté avec des critiques conservatrices l’accusant de non-patriotisme . Michel Droit, journaliste au Figaro Magazine, a notamment publié un article virulent en juin 1979, qualifiant la version de Gainsbourg de « profanation pure et simple » . Cette polémique a contribué à accroître la popularité de la chanson et de l’album, qui est devenu le premier disque d’or de Gainsbourg, se vendant à plus de 300 000 exemplaires .

Lors de son concert annulé à Strasbourg, dû à une alerte à la bombe et la présence de parachutistes hostiles à sa version de l’hymne national, Gainsbourg a choisi de monter seul sur scène et d’entonner La Marseillaise a cappella, dans sa version originale . Ce geste a non seulement démontré son courage face aux menaces, mais a aussi réaffirmé son patriotisme de manière inattendue, remboursant même les billets de tous les spectateurs, y compris ceux des « bérets rouges » .