
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a été reconnu coupable ce lundi de chantage à la sextape et condamné à quatre ans de prison ferme et une inéligibilité immédiate par le tribunal correctionnel de Lyon. Cette décision, plus sévère que les réquisitions, a été jugée « incompréhensible » par l’édile de 53 ans, qui a annoncé faire appel. L’ancien membre des Républicains (LR) était jugé pour avoir piégé un rival, son ex-premier adjoint Gilles Artigues, filmé à son insu avec un prostitué afin de le contraindre au silence. La présidente du tribunal, Brigitte Vernay, a insisté sur « l’extrême gravité des faits » et le « devoir d’exemplarité » des élus, déclarant Gaël Perdriau « entièrement coupable » de chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics.
La peine prononcée inclut cinq ans de prison, dont quatre ferme avec mandat de dépôt à effet différé et exécution provisoire, ainsi que cinq ans d’inéligibilité immédiate, ce qui l’oblige à quitter ses fonctions. Ses avocats ont dénoncé une décision « d’une sévérité inouïe » et ont annoncé déposer une demande de mise en liberté. De son côté, Gilles Artigues s’est dit « soulagé » et a salué une décision reconnaissant son « statut de victime ». André Buffard, son représentant, a qualifié la peine de « très sévère » mais « en rapport avec sa responsabilité » et la nature « véritablement mafieuse » des faits. Gaël Perdriau a toujours nié son implication, mais plusieurs membres de son entourage ont avoué leur rôle et ont également été lourdement condamnés.
Pierre Gauttieri, ancien directeur de cabinet du maire, a écopé de quatre ans de prison, dont deux avec sursis. Il avait affirmé que Gaël Perdriau lui avait demandé, dès 2014, de trouver « une solution pour tenir en respect Gilles Artigues ». L’idée de piéger Gilles Artigues, un catholique opposé au mariage homosexuel, est née d’échanges avec l’ex-adjoint à l’éducation Samy Kéfi-Jérôme et son conjoint, Gilles Rossary-Lenglet. Samy Kéfi-Jérôme, qui a servi d’appât et posé la caméra cachée, a été condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis. Gilles Rossary-Lenglet, qui a reconnu avoir eu l’idée du piège et monté les vidéos, a reçu la même peine. C’est lui qui, en 2022, a révélé le scandale à Mediapart. Deux couples d’associations, soupçonnés d’avoir financé l’opération via des subventions municipales, ont été relaxés, le tribunal n’ayant pas trouvé d’« intentions frauduleuses ».
Cette décision a été accueillie positivement par l’opposition stéphanoise. Isabelle Dumestre a parlé d’une « bonne nouvelle pour Saint-Étienne », tandis que Johann Cesa a estimé que « la justice a mis Gaël Perdriau hors d’état de nuire ». L’affaire soulève des questions sur l’éthique et l’intégrité des élus, et marque un tournant majeur dans la vie politique locale. L’appel annoncé par Gaël Perdriau promet de nouveaux rebondissements dans cette affaire retentissante qui continue de défrayer la chronique.






