
Fuxin, ville minière du Liaoning, en Chine, devient un havre inattendu pour les jeunes lassés de la pression des grandes métropoles. Surnommée la ville « la moins chère » du pays, Fuxin offre une alternative radicale aux injonctions de productivité et de natalité du pouvoir. Cette agglomération d’environ 1,5 million d’habitants connaît une nouvelle dynamique, bien loin de son passé de bassin minier sinistré de la « Rust Belt » chinoise.
La crise immobilière qui secoue la Chine a eu un impact singulier sur Fuxin, où les prix des logements ont chuté de manière drastique. Un habitant de 40 ans, Mr Fu, témoigne avec humour que « les prix ont tellement chuté qu’un logement coûte moins cher qu’une concession au cimetière ! » . Il rapporte même que des amis ont acheté un appartement pour en faire un tombeau familial, jugeant cela plus rentable et personnalisable. Le prix d’un appartement est descendu jusqu’à 20 000 Yuans, soit environ 2400 euros .
Cette accessibilité financière attire une jeunesse en quête de tranquillité, adoptant le mode de vie dit de « faire la planche », une expression chinoise signifiant une résistance passive aux pressions sociales. Alors que le gouvernement chinois promeut des politiques natalistes, ces jeunes ignorent ces directives, préférant une vie moins contraignante. Fuxin incarne ainsi un phénomène de migration interne où la recherche d’un coût de la vie bas prime sur les opportunités des métropoles surchargées. Le coût moyen de la vie à Fuxin est estimé à 539 dollars, la plaçant parmi les villes les moins chères au monde .
Ce mouvement souligne les profondes mutations sociales et économiques en Chine, où la désillusion face au modèle de croissance à tout prix pousse une partie de la population à chercher des voies alternatives. La déflation immobilière, particulièrement marquée dans les villes de troisième rang comme Fuxin, transforme ces anciennes zones industrielles en refuges pour ceux qui aspirent à une vie plus simple et moins coûteuse .