electricity-meter-fraud
Enedis intensifie sa lutte contre la fraude aux compteurs Linky, face à une explosion des boîtiers trafiqués qui coûtent des centaines de millions d'euros. Des sanctions sévères sont prévues.

Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France, a lancé une opération nationale d’envergure pour lutter contre la fraude aux compteurs Linky. Face à une augmentation significative du nombre de boîtiers «trafiqués», l’entreprise a mené 121 contrôles simultanés sur le territoire. Bertrand Boutteau, directeur des opérations de lutte contre la fraude chez Enedis, alerte sur une nette augmentation : «Depuis trois ans, nous avons constaté plus de 100.000 compteurs trafiqués».

Ces fraudes représentent un coût considérable pour Enedis, estimé à «plusieurs centaines de millions d’euros par an». Bien que le système de dérivation pour manipuler les compteurs soit complexe, il permet de dissimuler environ deux tiers de la consommation d’électricité une fois en place. Les équipes d’Enedis sont alertées dès qu’une intervention est détectée sur l’appareil, ce qui, combiné à une baisse drastique de la consommation, déclenche une suspicion de fraude.

L’explosion de ces fraudes depuis 2022 est attribuée à l’augmentation du coût de l’énergie et à la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos montrant des techniques de manipulation des compteurs Linky. Laurence Magliano, porte-parole d’Enedis, qualifie cette situation de «véritable fléau», soulignant que l’équivalent de la consommation électrique de la Charente est fraudée chaque année. Des offres illégales de «spécialistes» pour trafiquer les compteurs ou de vente de faux scellés circulent également sur internet.

Enedis engage des poursuites : après constatation de la fraude, l’entreprise demande le remboursement des sommes dues et dépose une plainte groupée auprès du procureur de la République, qui applique une «tolérance zéro». Les fraudeurs s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à 75.000 euros d’amende et 5 ans d’emprisonnement. Pour renforcer son action, Enedis prévoit de doubler le nombre de ses agents assermentés, passant de 250 à 500 d’ici 2026, afin d’intensifier la lutte contre ce phénomène.