
En 2012, au plus fort de la crise de la zone euro, la France a vu sa notation de dette publique, le prestigieux AAA, lui échapper. Ce fut le début d’une lente dégradation, d’abord vers les catégories AA, puis, plus récemment, vers la catégorie A. En effet, les agences de notation Fitch et S&P (anciennement Standard & Poor’s) ont récemment abaissé la note de la France à A+, la plaçant au même niveau que l’Espagne ou le Portugal.
Il est crucial de comprendre que les agences de notation agissent comme de simples indicateurs de la santé financière d’un pays. Elles ne sont pas la cause de l’instabilité des marchés, qui ont déjà intégré le contexte politique et économique. Cependant, le langage employé par ces agences est source d’inquiétude. Malgré des formulations diplomatiques, elles expriment un certain scepticisme quant aux engagements budgétaires du gouvernement français.
Le gouvernement prévoit de réduire le déficit, qui devrait atteindre 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, à 4,7 % en 2026. Néanmoins, les agences de notation se montrent moins optimistes. S&P anticipe un déficit de 5,3 % du PIB en 2026, tandis que Fitch table sur une hausse à « 5,5 %-5,6 % ». Ces prévisions rejoignent le consensus des économistes, comme ceux de la Société Générale qui évoquent 5,5 %. Cela indique une perte de crédibilité budgétaire de la France auprès des marchés financiers, des investisseurs internationaux et de ses partenaires européens. La promesse de ramener le déficit à 3 % d’ici 2029 faite à Bruxelles est désormais remise en question.
Cette situation est très préoccupante, bien que la France ne risque pas une faillite à court terme. La suggestion d’une intervention du Fonds Monétaire International, évoquée par François Bayrou, est une exagération. Actuellement, le pays parvient toujours à se financer sans difficulté, les émissions de dette trouvant de nombreux acquéreurs. L’épargne des Français est importante, l’économie française reste la septième mondiale et elle est diversifiée. Cependant, la perte de la notation AA est un seuil important qui pourrait entraîner des coûts d’emprunt plus élevés pour le gouvernement français à l’avenir.