
La situation politique en France suscite une vive inquiétude à Bruxelles, particulièrement depuis la percée du Rassemblement national (RN) aux élections européennes de juin 2024 et la dissolution manquée de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. La nomination le 9 septembre d’un troisième Premier ministre en un an, Sébastien Lecornu, n’a pas apaisé ces craintes. Valérie Hayer, eurodéputée macroniste, a d’ailleurs exprimé son inquiétude face à cette instabilité, partagée par ses homologues européens.
Bien que d’autres États membres de l’Union européenne connaissent des périodes d’instabilité, avec la montée de l’extrême droite eurosceptique, la France occupe une place particulière. Elle est un pays fondateur de l’UE, sa deuxième économie, la seule puissance nucléaire de l’Union et le seul État membre à siéger au Conseil de sécurité de l’ONU. Dans un contexte de guerre aux frontières de l’Europe, de retour de Donald Trump à la Maison Blanche et de décrochage économique face aux États-Unis ou à la Chine, l’Union européenne a plus que jamais besoin d’une France stable et solide. Nicola Procaccini, eurodéputé du parti post-fasciste Fratelli d’Italia et proche de Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, a souligné que « l’instabilité politique en France est un problème pour l’Europe. Quatre gouvernements en moins de deux ans, c’est trop ».
Sébastien Lecornu, auparavant ministre des Armées, a été nommé Premier ministre le 9 septembre 2025, succédant à François Bayrou qui a démissionné après le rejet de son gouvernement par un vote de confiance à l’Assemblée Nationale. François Bayrou avait été contraint de démissionner suite à l’échec d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale, le 8 septembre, après avoir proposé un budget d’austérité impopulaire de 44 milliards d’euros pour réduire la dette publique. L’instabilité est devenue chronique en France depuis les élections législatives de 2024 qui ont conduit à un parlement sans majorité absolue, partagé entre le bloc de gauche, le centre et l’extrême droite.
Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, âgé de 39 ans, est le troisième chef de gouvernement en un an. Il a promis une « rupture profonde » avec les politiques passées, affirmant que l’humilité serait son approche clé. Il a également annoncé l’abandon de la suppression de deux jours fériés, une mesure impopulaire de son prédécesseur. La tâche de Lecornu est ardue : il doit former un gouvernement et faire adopter un budget dans les semaines à venir, sans risquer une nouvelle motion de censure. L’économie française, malgré une certaine stabilité de son climat des affaires en septembre 2025, fait face à des prévisions de croissance revues à la baisse pour 2025 et 2026, avec un déficit budgétaire élevé qui continue d’inquiéter.