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La France est confrontée à une crise politique et budgétaire sans précédent. L'enlisement financier a conduit à une impasse démocratique, affaiblissant la réputation et l'influence du pays.

La vie politique française s’est engagée sur un toboggan vertigineux, menant le pays vers une glissade sans fin. La réputation internationale de la France se délite, son influence européenne diminue, et l’économie tourne au ralenti. La confiance dans ses institutions s’évapore, conséquence d’une impasse budgétaire qui, après des décennies d’enlisement, s’est muée en impasse démocratique. L’incapacité à prendre la mesure de la première a conduit à la nécrose de la seconde.

Ces deux impasses se nourrissent mutuellement, et aucune sortie de crise n’émerge, malgré une succession de quatre premiers ministres en un an. Sébastien Lecornu, renommé cinq jours après sa démission, a pour mission de négocier une cote mal taillée afin de retrouver un minimum de stabilité. L’objectif se limite cependant à ralentir la glissade, car la stopper semble déjà hors de portée, dans l’attente d’une élection présidentielle qui monopolise tous les esprits.

La séquence actuelle se résume à un spectaculaire refus d’obstacle collectif. Face au principe de réalité financière, l’exécutif et les partis, piégés par la tripartition de l’Assemblée nationale, répondent par des expédients politiciens. Il s’agit d’arracher un compromis, quitte à oublier la raison profonde du blocage : notre inconséquence budgétaire. De nouvelles dépenses s’ajoutent malgré le creusement du déficit et de la dette.

La seule façon de débloquer la situation politique semblerait être de revenir sur la réforme des retraites, qui monopolise le débat depuis plus de six ans. Incapables de s’entendre sur des sources d’économies, les acteurs politiques débattent du moindre mal entre le coût de l’instabilité et celui du gel de cette réforme. Le politologue Dominique Reynié, dans Le Figaro, résumait la situation en ces termes : « Depuis un demi-siècle, gouverner est devenu non seulement l’art d’éviter soigneusement les problèmes pour ne pas risquer l’impopularité, mais, plus encore, celui de les aggraver dans l’espoir de se maintenir au pouvoir. » Les partis politiques continuent de relativiser la contrainte de la dette, repoussant le problème à plus tard, malgré la réalité budgétaire qui les rattrape.