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En 2025, la France fait face à une crise immobilière majeure avec 9 millions de mètres carrés de bureaux vides et 4,1 millions de personnes mal logées. Une nouvelle loi facilite la conversion de bureaux en logements, mais la financiarisation de l'immobilier reste un défi majeur.

En 2025, la France est confrontée à une double problématique immobilière : un record de 9 millions de mètres carrés de bureaux vacants, dont les deux tiers sont concentrés en Île-de-France, et simultanément, 4,1 millions de personnes souffrent de mal-logement. Face à cette situation alarmante, l’État français et les acteurs du secteur immobilier explorent activement la piste de la transformation de ces bureaux inoccupés en logements.

Une proposition de loi du député MoDem Romain Daubié (Ain), définitivement adoptée par le Sénat le 5 juin 2025, vise à simplifier le cadre juridique de cette reconversion. Cette initiative s’inscrit dans une logique de bon sens, mais elle soulève une question plus profonde : la financiarisation de l’immobilier, considérée comme la cause principale de cette surproduction de bureaux. Les critiques estiment que sans s’attaquer à cette racine du problème, les politiques actuelles risquent de rester inefficaces, voire d’aggraver la crise du logement.

Depuis les années 1990, les bureaux des grandes métropoles ont transcendé leur fonction initiale de simples lieux de travail pour devenir des actifs financiers convoités par des fonds immobiliers en quête de rendements. Attirés par des profits plus élevés que ceux du logement, une réglementation plus souple et une moindre visibilité politique et médiatique, ces investissements ont conduit à une surproduction structurelle de bureaux, souvent déconnectée des besoins réels des territoires.

En Île-de-France, la construction de bureaux a significativement dépassé la création d’emplois tertiaires au cours des vingt dernières années. Durant les années 2000, 23 mètres carrés de bureaux étaient construits pour chaque nouvel emploi ; ce chiffre a presque doublé dans les années 2010. Cette accélération est en partie attribuable à la politique monétaire de la Banque centrale européenne, marquée par des « taux bas » qui ont réduit le coût du crédit et fait grimper le prix des actifs. Les prix de l’immobilier de bureau francilien ont ainsi plus que doublé au cours de la décennie 2010. Les promesses d’impact économique liées au Grand Paris Express et aux Jeux olympiques et paralympiques ont également stimulé cette dynamique.