
L’historien Pierre-Yves Beaurepaire explore dans son ouvrage l’influence de la franc-maçonnerie sur des événements majeurs comme la Révolution française, l’époque napoléonienne et ses rapports avec l’Église catholique. Cet érudit offre une perspective didactique sur ces interrogations complexes, démystifiant certaines idées reçues tout en apportant des éléments de compréhension.
Une des théories persistantes est celle qui présente la Révolution comme l’œuvre vengeresse des Templiers, infiltrés dans la franc-maçonnerie. Cette thèse, popularisée par l’abbé François Lefranc dès 1791 dans son ouvrage « Le Voile levé pour les curieux ou le Secret de la Révolution révélé à l’aide de la franc-maçonnerie », suggère que les Templiers, condamnés en 1314 avec Jacques de Molay, auraient orchestré la chute de la monarchie et du clergé. Selon Lefranc, ils auraient développé au sein de la franc-maçonnerie des grades de vengeance, tels que le chevalier Kadosh, ou des grades ouvertement templiers, préparant ainsi leur plan diabolique sur des décennies.
Cependant, les historiens soulignent que l’idée d’un complot maçonnique direct et conscient, organisé dans les loges, est avant tout une théorie du complot, dont les bases ont été posées dès le début des années 1790. Bien que certains maçons aient pu être impliqués dans la Révolution, la franc-maçonnerie elle-même n’a pas été l’instigatrice unique et centralisée des événements. Au 18e siècle, la franc-maçonnerie en France était traversée par diverses opinions, et si elle a pu influencer certains esprits des Lumières, elle n’a pas agi comme une force homogène et conspiratrice.
Les liens entre les Templiers et la franc-maçonnerie sont davantage symboliques et mythiques qu’historiques. Des grades maçonniques ont intégré la figure du Templier, notamment le grade de Chevalier Kadosh, qui se présente comme le vengeur symbolique d’Hiram, l’architecte du Temple de Salomon. Cette filiation, bien que populaire dans certaines branches de la franc-maçonnerie, relève de la construction de légendes pour se forger une ascendance prestigieuse, plutôt que d’une réalité historique avérée. L’ouvrage de Pierre-Yves Beaurepaire apporte un éclairage crucial sur ces mythes et réalités, permettant de mieux comprendre le rôle et la perception de la franc-maçonnerie à travers l’histoire.